
vendredi 30 octobre 2009
Préjugés

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mardi 27 octobre 2009
Son Altesse Exaltée

lundi 26 octobre 2009
Inde moins deux semaines

Depuis le temps qu'on en parlait, j'avais fini par me demander si nous partirions un jour. Depuis notre faux départ pour l'Algérie il y a deux ans, je me répétais que quelque chose finirait bien par se mettre en travers de nos projets. Chat échaudé craint l'eau froide. Cette fois, nous avons nos billets d'avion et nos passeports sont à l'Ambassade de l'Inde qui devrait nous les renvoyer d'ici une semaine munis du précieux sésame. Dans la foulée, nous avons demandé un visa pour Zuzu censée venir nous rejoindre pour Noël. Nous n'avons pas consulté les astrologues pour savoir si la date choisie, le 10 novembre, était de bonne augure, et nous aurions peut-être dû. Ainsi, le jour de l'indépendance de l'Inde devait être le 15 août 1947, avant que des pythies locales ne le déclarent "jour maudit par les astres". C'est ainsi que le choix se porta finalement sur le 14 août à minuit d'où le titre "Cette nuit, la liberté" de l'excellente saga de Lapierre et Collins que je viens de relire. Cela dit, l'Andhra Pradesh, où se trouve Hyderabad, notre point de chute, fut le dernier état princier à rallier l'Inde indépendante en 1949. Le royaume de Hyderabad avait alors à sa tête un nizam (l'équivalent musulman du maharadja hindou), 7ème du nom, sans doute le personnage le plus extravagant de son époque. Il était à la tête de l'état le plus peuplé des Indes - 20 millions d'Hindous et 3 millions de Musulmans, - situé en plein cœur de la péninsule indienne. C'était le seul souverain indien à pouvoir se prévaloir du titre d'"Altesse Exaltée", distinction conférée par l'Angleterre en remerciement des 5 milliards d'anciens francs dont il avait fait don à la couronne au moment de la première guerre mondiale. En 1947, il passait pour être l'homme le plus riche du monde, battait monnaie et possédait le fameux Koh-i-Noor - "la Montagne de Lumière", un fabuleux diamant de 280 carats, joyau du trésor des empereurs mogols. Ce qui n'empêchait pas ce vieillard chenu d'1,50 m pour 40 kg d'être d'une pingrerie légendaire. A suivre...
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jeudi 22 octobre 2009
Appelez-moi Micheline

Lorsque j'étais petite, nous habitions le long d'une voie ferrée une rue qui portait le joli nom de "Boulevard de la petite vitesse". C'était un temps où les trains étaient tractés par des michelines et où d'accortes garde-barrières qui habitaient de coquettes maisons fleuries avaient tout pouvoir de vous faire patienter, vous, votre vélo ou l'auto familiale, le temps que passe un tortillard. C'était avant le Corail, le TGV, le TER, le Thalys ou l'Eurostar, tous ces jolis noms ou acronymes, synonymes de vitesse assurée et de temps gagné pour arriver à destination.
Longtemps, j'ai cru que je suivais moi aussi cette perpétuelle accélération du mouvement. J'étais "dans le coup", toujours à la pointe des nouvelles technologies et des moyens de communication. En 1995, j'avais déjà un modem (qui faisait un bruit de moissonneuse-batteuse enrouée), une adresse Compuserve avec une combinaison de chiffres impossible à retenir.
Le soir, j'écrivais sur mon PC de longs mails à mon chéri qui étudiait sur la côte ouest des Etats-Unis, et je les lui envoyais le lendemain de mon bureau à l'heure où mes collègues n'étaient pas encore arrivés (à cause du fameux modem peu discret, vous suivez ?). Aujourd'hui, je reste plus ou moins "branchée", j'ai un blog (voire deux ou trois, selon les moments et la nature de mes propos*), un compte Fessebouc, des albums photo sur Pi***aweb, je tchatte avec ma fille, mes nièces et mes copines, je joue à des jeux vidéo (enfin, un), bref, j'assure encore pas trop mal.
Sauf que, depuis peu, je constate une baisse de mon régime de croisière. Par exemple, je suis incapable d'emporter mon ordi portable sans faire suivre la souris sans fil, ma soeur lit ses mails sur son Iphone, alors que moi, je n'arrive pas à faire défiler les menus sans loucher par dessus mes lunettes, je n'arrive pas à envoyer de textos en mode T9, et aujourd'hui, ma fille a dû m'expliquer que quand j'écrivais à quelqu'un sur FB, il ne fallait pas que je le fasse depuis "mon" mur sinon tout le monde voyait ce que j'écrivais. Et voilà comment on se retrouve un jour coincé au passage à niveau(x) ...
Longtemps, j'ai cru que je suivais moi aussi cette perpétuelle accélération du mouvement. J'étais "dans le coup", toujours à la pointe des nouvelles technologies et des moyens de communication. En 1995, j'avais déjà un modem (qui faisait un bruit de moissonneuse-batteuse enrouée), une adresse Compuserve avec une combinaison de chiffres impossible à retenir.
Le soir, j'écrivais sur mon PC de longs mails à mon chéri qui étudiait sur la côte ouest des Etats-Unis, et je les lui envoyais le lendemain de mon bureau à l'heure où mes collègues n'étaient pas encore arrivés (à cause du fameux modem peu discret, vous suivez ?). Aujourd'hui, je reste plus ou moins "branchée", j'ai un blog (voire deux ou trois, selon les moments et la nature de mes propos*), un compte Fessebouc, des albums photo sur Pi***aweb, je tchatte avec ma fille, mes nièces et mes copines, je joue à des jeux vidéo (enfin, un), bref, j'assure encore pas trop mal.
Sauf que, depuis peu, je constate une baisse de mon régime de croisière. Par exemple, je suis incapable d'emporter mon ordi portable sans faire suivre la souris sans fil, ma soeur lit ses mails sur son Iphone, alors que moi, je n'arrive pas à faire défiler les menus sans loucher par dessus mes lunettes, je n'arrive pas à envoyer de textos en mode T9, et aujourd'hui, ma fille a dû m'expliquer que quand j'écrivais à quelqu'un sur FB, il ne fallait pas que je le fasse depuis "mon" mur sinon tout le monde voyait ce que j'écrivais. Et voilà comment on se retrouve un jour coincé au passage à niveau(x) ...
* A ceux qui sont surpris de me voir revenue ici, je dirais seulement : "Souvent femme varie, bien fol est qui s'y fie".
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lundi 5 octobre 2009
Blog en jachère

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mardi 22 septembre 2009
De Golconde à Golconde

J'ouvre ici une parenthèse, les Texans sont riches grâce au pétrole, ça on le sait depuis Dallas, mais ce qu'on sait moins c'est que ce sont souvent des amateurs d'art éclairés. La collection de Menil possède quelques œuvres majeures d'artistes surréalistes comme Dali, Miro, de Chirico, Marx Ernst et ... Magritte, dont ce tableau, Golconde. Si l'art, selon la formule consacrée, est avant tout un choc, pour moi, c'en fut un.
Je serais bien incapable d'expliquer pourquoi celui-ci plutôt qu'un autre, j'aurais bien quelques idées si je me livrais à une auto-psychanalyse mais ça n'intéresserait personne. Il existe peu de clés pour décoder l'œuvre de Magritte. On pense que ses petits bonshommes à chapeau rond, tel que lui-même se représentait souvent, seraient liés au métier de sa mère, modiste, laquelle s'était suicidée alors qu'il n'avait que 14 ans (au secours, Monsieur Freud !).
Les titres sibyllins de ses tableaux sont tout aussi énigmatiques et celui-ci m'a toujours intriguée. J'ai lu dans un ouvrage d'art qui lui était consacré, que Magritte et ses proches se livraient souvent au jeu préféré des surréalistes parisiens des "cadavres exquis". Cela consiste à faire passer une feuille de papier sur laquelle chacun écrit un mot puis la plie en cachant au suivant ce qu'il vient d'écrire.
Réunis autour de l'artiste, face à la toile fraîche qu'il s'agissait de nommer, ses amis faisaient fuser les idées mais au final, c'était toujours lui qui décidait. Or, chez Magritte, tout était dicté par le poétique et le mystère, et aujourd'hui encore, Golconde ou Golconda garde tout son mystère.
Ces jours-ci, mon homme vient d'avoir la confirmation qu'il part pour une mission de six mois en Inde du Sud, à Hyderabad, capitale de l'Andhra Pradesh, et j'ai décidé de l'accompagner. Et voilà qu'en surfant sur le net, j'apprends que l'un des joyaux d'Hyderabad est un fort datant du 11ème siècle du nom de ... Golconde. Faut-il croire aux signes ?
lundi 14 septembre 2009
L'envol
La famille est une figure à géométrie variable. Je me souviens comme si c'était hier des dimanches à la maison quand nous étions tous les cinq dans ce qu'on appelait pompeusement le salon de musique, et où trônaient, en plus des instruments de chacun, l'ordinateur et la télé. La maison était grande mais non, nous nous agglutinions tous dans la même pièce, chien compris. Puis, Arthur est parti vivre chez son père. Quatre ans déjà. Et voilà, c'est le tour de Zuzu. Nous l'avons installée à Bordeaux où elle va suivre des études d'hôtellerie pendant trois ans, puis nous sommes partis tous les deux pour ce qui ressemblait fort à une lune de miel en Italie. Sur le chemin du retour, nous avons passé le week-end avec elle, histoire de faire les derniers "calages". Elle était visiblement heureuse de nous voir, sereine, contente de son choix, commençant à prendre ses marques. Je ne me fais aucun souci pour elle, je la sens bien dans sa peau, elle va vivre j'en suis sûre, des années qui vont compter dans sa vie, elle est bien entourée, elle va revenir nous voir... Non, je n'ai pas d'inquiétudes. Juste un manque, un vide, le sentiment qu'une page se tourne, que tout est allé si vite, que je ne m'y suis pas assez préparée, que je ne suis pas prête. Mais l'est-on un jour ?
mercredi 9 septembre 2009
Je vous écris d'Italie (VI)
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dimanche 6 septembre 2009
Je vous écris d'Italie (V)
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vendredi 4 septembre 2009
Je vous écris d'Italie (IV)

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jeudi 3 septembre 2009
Je vous écris d'Italie (III)
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mercredi 2 septembre 2009
Je vous écris d'Italie (II)

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mardi 1 septembre 2009
Je vous écris d'Italie (I)
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mardi 25 août 2009
Paris au mois d'août
jeudi 20 août 2009
La tentation d'écrire

mardi 11 août 2009
Ils ont des chapeaux ronds

lundi 3 août 2009
Welcome to Savannah
lundi 6 juillet 2009
Elle descendait dans le Midi

Aujourd'hui, 7 juillet, 10 heures : fin du suspense, Zuzu a le bac et on part !
samedi 4 juillet 2009
Choses vues

mercredi 1 juillet 2009
Devoirs de vacances

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mercredi 24 juin 2009
Je lis donc je suis

vendredi 19 juin 2009
Qu'elle était verte mon agence

Cette semaine, j'ai déjeuné avec mes ex-collègues. Pour l'une d'elles, c'était son dernier jour à l'agence. La greffe n'a pas pris et elle a choisi de retourner chez son ancien employeur. Heureusement pour elle, elle avait pris un congé sabbatique avant de tenter l'aventure de la pub. Pour rappel, mon poste a été supprimé et j'ai fait l'objet d'une procédure de licenciement économique. Bien sûr, le travail que je faisais, même au ralenti, ne s'est pas arrêté par miracle. J'ai donc appris par mes collègues qu'un mois à peine après mon départ, j'ai été "remplacée" par une stagiaire sortie de l'Ecole Supérieure de Commerce cette fois (jusqu'où va se loger la vanité de mes ex-patrons !). Je ne vais pas reprendre le couplet du stagiaire-kleenex, je l'ai déjà chanté. Je note cependant que mon infortunée remplaçante s'est entendu dire que oui, bien sûr, c'était la crise, mais qu'elle n'allait pas durer éternellement et que si elle s'impliquait vraiment dans l'agence, elle serait prioritaire en cas de création de poste (au regard de la loi, c'est moi qui le suis mais c'est un détail qu'ils ont semble-t-il oublié). Non, mon propos aujourd'hui est tout autre. Mes collègues m'ont rapporté que parmi les missions qui lui ont été confiées, elle est censée proposer des pistes pour inscrire l'agence dans une démarche de développement durable. Wouaouh ! La trouvaille ! Car comme l'a relevé très bien ma collègue en partance : "Rappelle-moi quand tu as vu Y. descendre une poubelle la dernière fois ?" Sans compter qu'une semaine avant mon départ, il n'avait toujours pas compris que les bouteilles vides ne se mettaient pas dans le sac jaune des papiers. Ce type, c'est un autiste de la vie en communauté et le degré zéro de la prise de conscience environnementale. Oui, mais c'est un malin, et il a dû sentir dans les nombreux réseaux où il grenouille pointer la tendance (pas besoin d'avoir le nez de Cyrano pour ça en ce moment) au green washing. Il se dit que ça a marché aux Européennes, ça pourrait marcher avec quelques clients (oui mais alors fraîchement débarqués de la planète Mars) qui auraient besoin d'une campagne de pub éthique et biodégradable. On connaissait les patrons voyous, voici venu le temps des patrons faux-culs !
lundi 15 juin 2009
My Dearest Ms Austen

PS : Ma fille Charlotte qui vous apprécie énormément elle aussi, aimerait savoir pourquoi dans vos romans les personnes qui portent son prénom sont toujours aussi sottes.
samedi 13 juin 2009
Une vie (III)
Je suis très fière de mon père et pourtant, être fille de militaire quand on était adolescente dans les années 70, ce n'était pas évident. Je me souviens d'une manif du lycée où, avec un copain fils de commissaire de police, nous nous sommes cachés quand on a vu le photographe du journal ! Mon père n'était pas très présent pendant notre enfance. Il travaillait beaucoup, partait souvent en missions ou en manœuvres.
Nous avons aussi pas mal bourlingué mais toujours en France. Papa pensait que les séjours outre-mer ou à l'étranger nuisaient à une bonne scolarité. Pourtant moi, Djibouti, Papeete, et même Constance, ça me faisait rêver ... Maman était toujours là, présente, aimante, résolument positive. Elle faisait et défaisait des cartons, raccourcissait ou rallongeait les rideaux, au gré des mutations. Et puis, l'armée était une grande famille où l'on s'aidait beaucoup.
Mon père est revenu à la vie civile en 1983 et a pris sa retraite à Montpellier, sa dernière affectation. C'est là qu'il vit toujours avec sa Pierrette, plus de 50 ans après, et tout près de sa benjamine. Ils nous ont "semés", mon frère et moi, à l'avant-dernier point de chute, Bordeaux. Lui y est resté, et moi j'ai continué à rouler ma bosse un peu partout.
Aujourd'hui, Dominique chante dans deux chorales, dont une en basque. Il est abonné depuis quarante ans au "Miroir de la Soule" et assiste de temps en temps au banquet des anciens de Saint-François. Sa santé est bonne, il marche, voyage beaucoup avec Maman, fait des tournois de tarot, et a une chance insolente au jeu. Mais pas encore au loto sur les grilles duquel, invariablement, il coche les jours de naissance de ses huit petits-enfants.
Ah, j'oubliais, Dominique a 75 ans aujourd'hui. Bon anniversaire, Papa !
vendredi 12 juin 2009
Une vie (II)

Elle est brune, pleine de charme et c'est la fille de la libraire-buraliste. Dominique est toujours partant pour aller acheter les cigarettes de toute la section... La jolie brunette n'est pas libre, elle est fiancée à un ami d'enfance mais lui comme elle sont très vite sûrs de leur amour. Avant de repartir, Dominique obtient de Pierrette la promesse qu'elle l'attendra, et c'est ce qu'elle fera après avoir rompu ses fiançailles.
En octobre 1956, quand ils se marient, ils réalisent qu'ils ont en tout et pour tout passé un mois à "se fréquenter". Mais la guerre est là qui n'attend pas. Dominique doit repartir, laissant sa jeune femme bientôt enceinte de leur premier enfant.
Le 15 août 1957, Dominique est en permission mais trop loin pour rejoindre sa femme. Il décide de partir en goguette avec trois copains dans la 2 CV de l'un d'eux, Raymond T. Au moment de monter dans la voiture, Dominique aperçoit un curé en soutane. Et, à la stupéfaction de ses copains, il décrète que c'est le 15 août et qu'il n'a jamais raté une messe ce jour-là. Les copains ont beau insister, se moquer de lui, rien n'y fait, son crâne de Basque est aussi dur que les cailloux charriés par le Gave de Mauléon. Il renonce à la virée.
Dans la soirée, il apprend que les copains sont tombés dans une embuscade dont ils n'étaient pas la cible mais les infortunés témoins, des victimes collatérales comme on dirait aujourd'hui... Aucun n'échappe au massacre. La Sainte Vierge y est-elle pour quelque chose ? Dominique ne veut pas le savoir, il est trop malheureux, mais ce dont il est sûr c'est qu'il ne manquera jamais plus aucune messe du 15 août.
A l'autre bout de l'Algérie, une petite fille qui n'est pas encore née ignore qu'elle a failli ne jamais connaître son père...
(à suivre)
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jeudi 11 juin 2009
Une vie (I)

C'est en effet dans une autre province basque, la Soule, berceau de sa famille paternelle, que Dominique va passer toute son enfance. Son père, Pierre, petit dernier d'une famille de 13 enfants, est cheminot, sa mère, Marie-Anne, reste à la maison. Deux ans et demi après lui, naît un deuxième garçon, Jean. Son grand-père est agriculteur dans un village montagnard de 450 âmes au nom rocailleux, Aussurucq. C'est là que la famille s'installe lorsque la guerre éclate.
Selon la légende locale, les Allemands n'atteindront jamais ce petit village souletin. Un pont en contrebas que les résistants ont opportunément fait sauter, les aurait empêchés de poursuivre leur avancée... On vit chichement mais entre paysans, on s'entraide. Une tante tient aussi le débit de boisson, tabac, épicerie du village, et c'est la marraine de Dominique, son préféré. Les enfants ne parlent que le basque, jouent au fronton et dans les champs, leurs journées seulement ponctuées par les passages obligés à l'école et à l'église.
Après la guerre, la famille s'installe à Mauléon, le chef-lieu de canton, où Marie-Anne travaille un temps à la fabrique d'espadrilles. Dominique et Jean vont au collège Saint-François. Un jour où il se bagarre avec un de ses camarades, un professeur en soutane intervient, sépare les deux garnements en les tirant par les oreilles, et les admoneste : "Vous n'avez pas honte, vous êtes cousins !" Dominique et Simon E., même nom mais originaires de deux vallées différentes, ne se connaissaient pas.
A 16 ans, brevet en poche, Dominique part à Bordeaux vivre chez une sœur de sa mère. Il travaille comme serveur au marché des Capucins, le "ventre de Bordeaux". Il se lève tôt, travaille très dur, et rêve d'ailleurs. Il décide alors de s'engager dans l'armée. Il a 19 ans, sa vie d'homme commence.
(à suivre)
jeudi 4 juin 2009
Oh les beaux jours

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Prends garde à la douceur des choses
mercredi 27 mai 2009
Andalucia mia

Me voici en Andalousie, terre de mes ancêtres. Des copains nous ont prêté leur petite maison située sur le Golfe d’Almeria entre Aguilas et Garrucha. En Espagne, je retrouve des sensations que je croyais avoir perdues. D’abord le temps. Ah ne pas se lever le main en se demandant quel temps il fait ! C’est simple, il fait toujours beau. Tempête de ciel bleu, comme dit mon fils. Seule variante, le vent. Un coup d’œil sur le drapeau, vert ou jaune, et on sait. Et l’eau ! 26 à 28° en permanence. Pas d’hésitation, on plonge avec délice sitôt arrivés sur la plage. Je reste des heures dedans, je fais la planche, mes oreilles captant les clapotis du léger ressac, divin ! Comme je le dis à mes enfants : « vous comprenez maintenant pourquoi je ne me baigne jamais à Saint-Malo ». Une eau à 15°, très peu pour moi. Et puis, je ne me suis jamais vraiment habituée aux marées. Pour moi, la mer doit être là, toujours recommencée, comme dit si bien Paul Valéry. Et la plage ? Alors que partout ailleurs, je m’y ennuie au bout d’un moment, ici je resterais des heures. J’aime particulièrement quand le soleil est à son couchant. Il n’est pas trop chaud mais réchauffe encore, j’adore cette sensation sur ma peau. Ici, je retrouve mes réflexes de petite fille : aller rincer mon maillot dans l’eau, jouer avec des bâtons et des coquillages au tres en raya, ce jeu de plage auquel j’ai initié les enfants.
J’ai aussi fait provision de ces magazines people dont raffolent les espagnols, qui les ont découverts bien avant nous en France. Je n’ai pas trouvé « Ola ! » alors j’ai pris « Semana ». On y trouve toujours des nouvelles de la famille royale, quelques ragots sur des chanteuses, danseuses de flamenco ou toreros célèbres ici mais que je ne connais ni d’Ève ni d’Adam et toujours, depuis vingt ans que je les lis, des nouvelles des Monaco. Je suis toujours étonnée par la fascination qu’exercent Carolina y Estefania sur la ménagère espagnole de moins de cinquante ans.
Et les villages ! Ah l’odeur des marchés, les morcillos et les chorizos pendus aux crochets des étals, le porc frais mariné, si cher à mon abuelita, le bric-à-brac de mauvais goût, les bondieuseries accrochées au rétro des camions… Les pipas qui craquent sous la dent et laissent un goût de sel sur la langue, les rolliquos à l’anis et les churros gorgés d’huile. Et les maisons cuites et recuites à la chaux, avec des barreaux en fer forgé à leurs fenêtres, leurs portes aux rideaux faits de bouchons ou de capsules métalliques qui cliquettent quand on les pousse. Sans parler de ces belles demeures mystérieuses dont on devine qu’elles recèlent un patio, havre de fraîcheur, avec sa fontaine en azulejos et ses lauriers roses en pot de terre cuite. Si j’avais des sous, c’est là que j’aimerais avoir une maison. Toute blanche, au détour d’une ruelle en pente, dans un de ces villages blancs écrasés de soleil...
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samedi 23 mai 2009
Et les radios chantaient

Les cloisons sont si fines que j'entends la radio de ma voisine [RTL alors que ma fille écoute RTL2, on est vraiment passé à l'ère 2.0...]. Le tube de l'année c'est un pot pourri (on dirait medley aujourd’hui) de Laurent Voulzy. "On a tous dans le cœur une petite fille oubliée..." qui repasse en boucle. Trente ans après, on se rappelle tous des paroles...
Le samedi, je pars faire du shopping au Boul' Mich avec une petite beurette délurée qui bosse dans les fringues. Je l'accompagne serait plus exact car je suis trop complexée pour essayer et encore plus fauchée pour acheter. Fin juin, je reçois un coup de fil de mes parents restés à Bordeaux. Havas me propose un poste à Biarritz. Je quitte donc Paris au bout d'un mois seulement, pour n'y revenir qu'en 1985. Mais ça, c'est une autre histoire ...
Le samedi, je pars faire du shopping au Boul' Mich avec une petite beurette délurée qui bosse dans les fringues. Je l'accompagne serait plus exact car je suis trop complexée pour essayer et encore plus fauchée pour acheter. Fin juin, je reçois un coup de fil de mes parents restés à Bordeaux. Havas me propose un poste à Biarritz. Je quitte donc Paris au bout d'un mois seulement, pour n'y revenir qu'en 1985. Mais ça, c'est une autre histoire ...
mercredi 20 mai 2009
Sur le gril

- Non Monsieur, je suis arrivée ce matin. (Avec la SNCF, c'est possible ! Aux heures de pointe, un TGV toutes les demi-heures. Au total, 20 par jour dans le sens Rennes-Paris avec une moyenne de deux heures de trajet ...)
- Et, vous n'avez pas peur de venir travailler dans la Capitale ?
- Vous savez, je suis née à Paris et j'y viens régulièrement, avec mes parents, le lycée...
- Ah ... et si vous êtes acceptée dans notre (prestigieux) établissement, vous comptez vous loger comment ?
- J'ai de la famille, des amis et puis, je travaillerai ...
- Ah non, Mademoiselle, je vous arrête tout de suite. Si vous intégrez ce lycée, vous n'aurez pas le temps de travailler en dehors de vos études !
- Mes parents m'aideront, ils sont à fond derrière moi.
- Hum, je vois ... (encore une fille à papa)
- Et je vois aussi que vous êtes en terminale L, option "histoire des arts". Ça va vous servir à quoi pour faire de la cuisine ?
- Eh bien, je pense que la créativité ...
- N'y pensez pas ! Dans une cuisine d'un grand restaurant, il y a peu de place pour les artistes ! (Ducasse, Haeberlin, Roellinger, Savoy et consorts apprécieront...)
- Et vous savez, Mademoiselle, que c'est un métier très, très dur pour les femmes ?
- Oui, mais je suis motivée et j'y crois.
- Mmm ... Vous pourriez me citer une femme Chef ?
- Oui, Monsieur. Hélène Darroze.
- Bien. Et elle officie où en ce moment ?
- A Londres, Monsieur.
- Bien, Mademoiselle, nous n'aurons pas d'autres questions."
J'ai récupéré ma Zuzu toute tremblante hier après son entretien dans un grand lycée hôtelier de la Capitale. Elle ne s'était pas laissée démonter mais, en l'accueillant, ma copine parisienne et moi, étions un peu interloquées par le côté machiste et emprunt de condescendance parisianiste qui lui avait été opposé. Encore, un GCP*, ai-je pensé in petto, comme dit ma copine Angèle de Scaer (Finistère Sud).
Peu de chances qu'elle soit prise, non, mais tant pis, on en a bien profité. Nous avons vu l'expo De Chirico au Musée d'Art Moderne, déjeuné dans une brasserie, pris le café chez ma copine (qui, par son métier, rencontre des vrais Chefs, elle), puis un autre au jardin du Petit Palais, puis traversé les Tuileries (avec un temps superbe), avant de sauter dans un 95 et regagner la Gare Montparnasse. Pas mal pour deux pauvres provinciales en goguette, non ?
* Gros C.. de Parisien. Je précise que j'ai vécu et travaillé 12 ans à Paris, y ai eu mes deux enfants et que j'adore m'y rendre. Sans compter tous nos amis parisiens...
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