lundi 4 août 2014

Lettre ouverte à mes (ex) collègues

Cela fait deux ans, presque jour pour jour, que je suis arrivée à S. Je n'y étais jamais venue auparavant, j'ai tout de suite été séduite par la lumière de la ville, son atmosphère, ce côté méridional à laquelle la fille du Sud que je suis ne pouvait qu'être sensible...

Je venais remplacer au pied levé le rédacteur en chef du magazine municipal. Quelques mois plus tard, j'étais de retour. Cette fois, c'était l'hiver, le fleuve sortait de son lit et, à la mairie, la traditionnelle cérémonie des vœux battait son plein. Je me sentais déjà des vôtres, loin d'imaginer que ce serait bientôt le cas. 

A la faveur du départ, cette fois définitif, de mon prédécesseur, je postulais à son remplacement et fus choisie parmi six candidats. Du jury de sélection, il ne reste plus grand monde mais jamais je ne les remercierai assez de m'avoir fait confiance.

Quinze mois, quelques dizaines de communiqués de presse, six magazines municipaux, autant de journaux internes et des tas de réunions après, me voilà sur le point de partir. Au delà de ce que qu'a été mon quotidien et que résume la petite énumération ci-dessus, ce que je retiens par dessus tout c'est l'aventure humaine que j'ai vécue parmi vous.

Je suis arrivée sans rien connaître ou presque d'une collectivité. Avec vous, j'ai découvert combien ce milieu pouvait être passionnant. J'ai rencontré des collègues motivés pour la plupart, pointus dans leur domaine, et surtout soucieux du bien public (et non, les fonctionnaires ne sont pas tout des fainéants !). 

J'ai aussi rencontré des élus qui, là aussi dans leur grande majorité, avaient le sens du devoir qu'implique leur mandat et le respect du travail des agents, même si tout n'était pas rose tous les jours (sans mauvais jeu de mot...). Je pensais qu'ils étaient tous comme ça. Je me trompais.

La vague bleue des dernières élections municipales les a balayés. Bien que contractuelle avec une échéance proche, je ne me suis pas sentie tout de suite menacée. Je pensais naïvement que mon travail plaiderait pour moi. Là aussi, je me trompais. Je me console en me disant que s'ils n'ont pas cherché à me connaître, je n'ai pas perdu grand chose à ne pas les avoir connus davantage.

J'aurais tant voulu que cette belle aventure se poursuive. Même s'il m'est arrivé de m'agacer, de râler, de tempêter, j'ai vraiment eu du plaisir à franchir chaque jour les portes de la mairie. J'emporte dans mes valises un petit bout de S. et dans mon cœur, un peu de chacun de vous... 

Je conclurai ce message par cette phrase de Paulo Coelho : "Rien dans ce monde n'arrive par hasard".