vendredi 24 avril 2009

Rédemprice en chef

D'accord, je cours un risque en m'attaquant à une telle icône. La dernière fois que je me suis aventurée sur ce terrain miné, je me suis pris un commentaire façon scud que j'ai dû supprimer tant il était hargneux. Petite précision, ce n'est pas à cause de son agressivité que je l'ai censuré mais de l'anonymat de son auteur ; je n'aime pas les lâches. Donc, je me lance. Je savais que Ségolène R. connaissait son catéchisme sur le bout des doigts mais j'ignorais que sa prière préférée était l'acte de contrition. Prendre la ferme résolution de ne plus offenser les africains, les espagnols, etc., au nom de la France, là, elle est vraiment trop forte. Jeanne d'Arc, sors de ce corps ! En plus, si elle veut occuper le terrain médiatique jusqu'en 2012, demander pardon à chaque bourde de notre président va lui assurer un job à plein temps. Chapeau, l'artiste, expier les pêchés que d'autres ont commis, il fallait y penser.
On la connaissait pasionaria et on la savait déjà douée de bravitude. Je me souviens d'une époque où je ne sais plus quel éditorialiste l'avait comparée à la chèvre de Monsieur Seguin. C'était au lendemain d'une défaite de la gauche aux législatives et elle s'était retrouvée seule sur un plateau de télé, face à un parterre de vieux bar(b)ons de la chiraquie. Il fallait un certain courage et déjà, elle n'en manquait pas. On comprend que malgré ses twin-sets pastels et ses jupes en tweed, un vieux briscard comme Mitterrand ne pouvait que l'avoir repérée au milieu de tous les sous-sous-chefs de cabinets fournis par l'ENA chaque année. J'arrête là le panégyrique de la dame car j'aurais juste un reproche à lui faire. A chaque nouvelle séance d'auto-flagellation par procuration, elle donne une occasion à cet insupportable Frédéric L., porte-parole de l'UMP, de nous réciter son credo (in Unum Deum)...


samedi 18 avril 2009

Cueillez, cueillez votre jeunesse

Nous rentrons de trois jours de villégiature (j'adore ce mot délicieusement désuet) dans un hôtel de charme du Finistère Nord où nous aimons séjourner. En temps normal, la quiétude du lieu, la beauté de la vue depuis la terrasse de notre chambre, la piscine couverte à 28° toute l'année, l'excellence des dîners, simples et uniquement à base de produits bios, suffisent à notre bonheur. Mais là, histoire sans doute de drainer une nouvelle clientèle encore plus hédoniste, un forfait était proposé comprenant deux soins au choix. J'optai donc pour le "détente extrême" (déjà pour le nom) et j'eus droit à un quart d'heure de bains bouillonnants à l'huile essentielle puis vingt minutes d'enveloppements d'algues avant de me confier aux mains expertes d'Angélica pour un massage du dos. Conséquence d'une tendinite à l'épaule due à une mauvaise position devant mon nordi et à une divergence d'intérêt entre ma souris et moi, je souffrais en silence, quand ma jeune masseuse me fit remarquer que j'étais tendue au niveau des trapèzes. Je confirmai que c'était en effet douloureux mais mue j'imagine, par un fond de mauvaise conscience judéo-chrétienne, je voulus lui manifester un peu d'empathie et lui demandai si le mal de dos n'était pas un problème dans son métier. "Oh si, me répond-elle du tac au tac, c'est un travail très physique, et je ne me vois pas du tout le faire à 40 ou 50 ans, c'est trop vieux ! Adieu huiles essentielles, adieu algues salvatrices, adieu palpés-roulés... Ô vraiment marâtre nature !

mercredi 15 avril 2009

Ce qui se conçoit bien

Hier, dans ma boîte mail, un message aussi laconique que lapidaire de ma fille : "J'ai perdu mon portable, ne t'acharne pas à m'appeler". D'abord, un peu vexée la mère car enfin, depuis jeudi dernier qu'elle est partie en vacances, je n'ai pas cherché à la joindre une seule fois et je ne pense pas être du genre à harceler mes enfants au téléphone. Et puis, je réfléchis. Zuzu a un vocabulaire bien à elle, assez riche pour une ado de 17 ans, pour autant que je puisse en juger en toute objectivité, mais elle utilise souvent un mot pour un autre. Peut-être en réaction envers moi qui, depuis qu'ils sont tout petits, serine à mes enfants : ce qui se conçoit bien s'énonce clairement. Faisant mienne cette citation de Boileau (et les mots pour le dire arrivent aisément), je l'avoue, je suis une maniaque du mot idoine, de l'expression ad-hoc. Je ne parle même pas de l'orthographe. Il m'arrive de me relever la nuit pour remplacer un mot par un autre s'il ne traduit pas exactement ma pensée. Si, dans la sphère privée ou professionnelle, je dois utiliser une carte de correspondance, je vais la déchirer si j'ai fait une rature ou si la tournure d'une phrase ne me convient pas. Je n'envoie pas un message sans l'avoir relu une ou deux fois et rien ne m'irrite davantage que d'en recevoir un bourré de fautes de grammaire ou de syntaxe et avec une ponctuation aléatoire. En fait, je suis une amoureuse du français, c'est une langue tellement riche que je trouve dommage de l'appauvrir ou de ne pas en exploiter toutes les possibilités. J'entendais l'autre jour à la radio Jean d'Ormesson évoquer le dernier opus de sa collection sur les grands textes de la littérature. Avec sa voix reconnaissable entre mille et son phrasé gourmand, il parlait avec délectation de la langue de Molière. A la journaliste qui lui demandait si les personnages de Molière étaient toujours actuels, il a cité pour le confirmer, "Les femmes savantes". J'ai adoré cette pièce quand j'étais au collège. A ma manière, je pense en être une. Enfin, à trop défendre ce combat qui me semble parfois d'arrière-garde, il ne faudrait pas que je tourne à la précieuse ridicule...

PS : Un qui partage cet amour des mots, c'est BrB. D'aucuns l'auront peut-être noté mais nous avons commencé un blog à quatre mains. Nous avions juste oublié d'autoriser les commentaires, ce qu'une femme savante avisée vient de nous signaler. Voilà, c'est fait.

dimanche 12 avril 2009

Crise de foi

Chaque année, notre grand journal régional (plus gros tirage de France) nous ressort le même marronnier : les baptisés de la veillée (ou Vigile) pascale. En cette Pâques 2009, ils sont 26 rien que dans le département à demander le baptême. Ils ont entre 16 ans et 45 ans, viennent de tous les milieux sociaux, vivent seuls ou en couple, ont parfois des enfants et leurs motivations sont souvent très différentes. J'ai personnellement fait partie d'une équipe qui, pendant deux ans, a accompagné une jeune femme pendant la préparation de son baptême, et je dois dire que ça a été pour moi une formidable aventure humaine. Dérangeante souvent car elle oblige à réfléchir à sa propre foi et à la façon dont on la vit au quotidien, mais passionnante. C'était en 2005, le prêtre qui m'avait proposé cette expérience était un homme bien et la religieuse alors en charge du catéchuménat des adultes, une femme formidable. Je l'ai croisée d'ailleurs récemment, elle est à présent aumônière de la prison des femmes de Rennes où, inlassablement, elle porte le même message d'amour. Quant à la "baptisée", c'était aussi une personnalité attachante, à qui la vie n'avait pas fait de cadeaux et, même si nous nous sommes un peu perdues de vue, je pense souvent à elle avec tendresse. Pourtant, si l'on me proposait de refaire ce chemin aujourd'hui, je dirais non. Vendredi soir, je suis allée à la messe du Vendredi Saint et j'en suis partie avant la communion, et aujourd'hui je ne suis pas allée à la messe de Pâques. En fait, je suis en colère contre "mon" Église et je ne m'y sens plus à ma place. J'en ai assez de toute cette hypocrisie. L'autre soir, pendant la prière universelle, le récitant appelait la bénédiction du Christ sur toutes les victimes des grandes épidémies de par le monde. J'ai cherché les regards de mes voisins. Combien en cet instant pensaient comme moi au Pape et à ses propos sur le sida ? Entendu sur Inter que les chrétiens vivaient mal cette Pâques. En 2009, en France, demander le baptême a-t-il encore un sens ? Je n'ai pas la réponse.

jeudi 9 avril 2009

3,3 millions de chômeurs, et moi, et moi, et moi

Voilà, il fallait bien que ça m'arrive un jour, je viens de rejoindre ce soir la cohorte des licenciés économiques. Dire que c'est une surprise serait un gros mensonge. C'est d'ailleurs ce que j'ai répondu à mes "boss" alors qu'ils me jouaient le grand jeu du "jusqu'à la dernière minute, on a cru pouvoir l'éviter". Pourtant, la marge s'érodait gentiment depuis fin décembre, pourtant le carnet de commandes était anémique, pourtant les délais de règlement n'en finissaient pas de s'allonger, pourtant le téléphone sonnait deux fois moins, même la messagerie avait suivi un régime minceur, on avait le temps de lire les spams, c'est dire ... Mon poste, plus fonctionnel que les autres, était de fait le plus exposé et j'en étais moi-même arrivée à la conclusion que s'il en fallait un, je serais celle-là. Ça a tout de même été plus rapide que je ne le pensais mais dans un sens, ça m'arrange car je vais pouvoir sauver mon été. Cela peut paraitre cynique à certains mais depuis trente ans que je bosse quasiment sans interruption, c'est la première fois que je vais avoir droit aux Assedic, du moins tant que les caisses de l'Unedic le permettent. Alors, oui, cela va me permettre de souffler, de me poser, de réfléchir à ce que j'ai envie de faire pendant les dix ou douze ans qui me séparent d'une retraite choisie ou imposée. Demain, je vais aller au Pôle Emploi, dans un premier temps pour me renseigner si je suis concernée ou pas par la CRP (convention de reclassement personnalisé) et si j'ai intérêt à y recourir car cela va déterminer ma date de départ de l'agence. Comme je suis en vacances ce soir, en gros, je peux reprendre pour un mois ou ... pour une semaine. Bon, j'arrête là. La bonne nouvelle c'est que je vais avoir plein de temps pour venir vous lire et plein aussi pour vous raconter les tribulations d'une chômeuse parmi trois millions et demi d'autres...