lundi 9 janvier 2012

Ah mon beau château

Depuis un peu plus d'un mois, j'écris des textes pour un site institutionnel de tourisme. Mon terrain d'action : les châteaux viticoles du Bordelais. Je m'empresse d'ajouter que je ne me déplace pas, hélas, mon voyage est surtout virtuel. Je fais des recherches sur les sites des propriétés - quand ils existent - dans les guides touristiques ou je lis des revues spécialisées.

Je n'écris pas pour le Parker, mes connaissances œnologiques sont bien trop sommaires, non, je dois juste rédiger une douzaine de lignes pour donner à l'internaute l'envie d'aller voir sur place. Cela dit, j'apprends plein de choses et comme je vis dans la seule ville au monde dont le nom est associé au vin, ça tombe plutôt bien. Aux beaux jours, je compte bien aller sur place vérifier ce que j'ai raconté. Savez-vous que le nom de château est réservé au Bordeaux ?

Ce qui crée souvent un malentendu. Pour quelques vrais châteaux, au sens architectural du mot, qui datent du temps où les anglais vendangeaient l'Aquitaine, c'est-à-dire pendant trois siècles avant qu'ils ne soient boutés hors de France, la plupart ne sont que des exploitations vinicoles. Au début du XVIIIe siècle est apparue la "chartreuse", une sorte de maison de campagne au milieu d'un vignoble, qui est à l'Aquitaine ce que la "bastide" est à la Provence ou la "folie" à l'Ile de France.

Toujours basses, souvent en pierres blanches, avec des toits de tuile ou d'ardoise, certaines sont ravissantes surtout quand elles sont entourées d'élégants jardins à la française et cernées par les vignes. Depuis peu, de grands architectes contemporains s'intéressent aussi aux châteaux et il n'est pas rare qu'une sorte de vaisseau futuriste émerge du vignoble. Ricardo Bofill a créé un chai octogonal à l'allure de cathédrale au château Lafite-Rothschild tandis que Christian de Portzamparc a dessiné à Cheval-Blanc un chai qui me fait penser à une énorme vague sur l'océan.

Mais en dehors de l'aspect architectural, il est une chose qui me passionne dans ce travail, c'est le côté humain. Raconter de belles histoires de familles, parler de ces vignerons passionnés qui se transmettent de génération en génération - jusqu'à huit parfois ! - leur amour du vin et le goût du travail bien fait, j'adore ça. Parfois, la demeure n'a aucun intérêt, le château n'a de château que le nom, le vin n'est ni un grand cru classé ni un grand cru bourgeois mais c'est vers ces gens que j'ai envie d'aller, juste parce que ce que leur philosophie de la vie me plaît ...