lundi 14 septembre 2009

L'envol

Les parents ne peuvent donner que deux choses à leurs enfants, des racines et des ailes. J'ai lu ça quelque part, un jour, et je l'ai retenu dans un coin de ma mémoire. Et puis voilà, il arrive, ce moment où les enfants ont quitté le nid et où l'on se retrouve seuls. On a beau s'y préparer, rien à faire, ça a du mal à passer. De retour de vacances, sur la route, d'un seul coup, un grand moment de cafard. J'allais rentrer à la maison et m'y retrouver seule, du moins jusqu'à l'arrivée de l'homme, le soir. Je n'entendrai plus la porte s'ouvrir, je ne verrai plus entrer ma fille et savoir au premier regard si elle a passé ou non une bonne journée, je ne prendrai plus le thé avec elle pendant qu'elle me la raconterait, je ne pesterai plus contre sa chambre, je n'entendrai plus BrB râler parce qu'il ne retrouve pas son agrafeuse ou sa compil de Tommy Castro, je ne me disputerai plus avec elle, je ne danserai plus avec elle, je ne la verrai plus déchiffrer ses partitions au violoncelle, je ne m'inquiéterai plus de ses retards ...
La famille est une figure à géométrie variable. Je me souviens comme si c'était hier des dimanches à la maison quand nous étions tous les cinq dans ce qu'on appelait pompeusement le salon de musique, et où trônaient, en plus des instruments de chacun, l'ordinateur et la télé. La maison était grande mais non, nous nous agglutinions tous dans la même pièce, chien compris. Puis, Arthur est parti vivre chez son père. Quatre ans déjà. Et voilà, c'est le tour de Zuzu. Nous l'avons installée à Bordeaux où elle va suivre des études d'hôtellerie pendant trois ans, puis nous sommes partis tous les deux pour ce qui ressemblait fort à une lune de miel en Italie. Sur le chemin du retour, nous avons passé le week-end avec elle, histoire de faire les derniers "calages". Elle était visiblement heureuse de nous voir, sereine, contente de son choix, commençant à prendre ses marques. Je ne me fais aucun souci pour elle, je la sens bien dans sa peau, elle va vivre j'en suis sûre, des années qui vont compter dans sa vie, elle est bien entourée, elle va revenir nous voir... Non, je n'ai pas d'inquiétudes. Juste un manque, un vide, le sentiment qu'une page se tourne, que tout est allé si vite, que je ne m'y suis pas assez préparée, que je ne suis pas prête. Mais l'est-on un jour ?

14 commentaires:

Brigitte a dit…

Pendant mes années de travail comme infirmière , je révais de m'occuper de mes enfants petits , hélas tout est allé trop vite , maintenant la maison est plutôt vide , on fait ce qu'on peut , on a plaisir à les revoir épanouis

Melle W. a dit…

Très très joli billet qui me mettrait presque la larme à l'oeil...sauf que moi j'en ai encore pour au moins dix ans...alors je vais en profiter hé ! na na nère !

A jeudi ma Belle ;-)

Valérie de Haute Savoie a dit…

La mienne est partie depuis maintenant six ans... l'année prochaine sera le tour de G.... il faut sans cesse réapprendre et j'ai moi aussi un pincement au coeur à cette idée.

Marie-Madeleine a dit…

c'est tellement bon de savoir qu'ils vont bien! mais la maison semble parfois vide...

Anonyme a dit…

C'était en 1999. J'avais amené Mongrand aux States avec moi. Il venait d'avoir 10 ans. Je sentis sa main lâcher la mienne, et même s'il fut clair que ça n'était pas encore le moment, un jour viendrait où... Je m'évertue à le pousser vers la vie, mais je redoute pourtant cet instant terrible...

Anonyme a dit…

Comme je te comprends, le vide n'est même pas comblée par 4 petits enfants.
Mab

heure-bleue a dit…

Tu vas voir, tu vas t'habituer et lorsque tu seras habituée à ta liberté retrouvée, tu te retrouveras Nounou....

Boutoucoat a dit…

suis d' accord avec HB . C' est très difficile mais il y a une autre vie après . Tout passe ....

Leeloolène a dit…

Magnifique billet. Je l'ai vécu dans l'autre sens évidemment. L'enfant qui part... qui quitte le nid familial, mais forcémment ce texte me parle et réveille en moi une certaine nostalgie de ces si beaux moments en famille à l'époque ! Et de ce vide de l'autre côté, quand on se retrouve seul(e) loin des parents. Ah... pas toujours si simple de prendre son envol !

Simplement ... a dit…

Un superbe bond vers un avenir que je lui souhaite le plus heureux et le plus beau qui soit !!!
Bisous d'amitié.
Marie-Ange

Pascale a dit…

Mais quelle chance elle a d'avoir une maman qui pense si fort à elle dans l'absence... Bises à toi Marie.

incertaine a dit…

Moi aussi je te comprends. Les miens ont la trentaine, mais je me fais toujours tellement de gros et petits soucis pour eux, que j'ai parfois l'impression que nous vivons encore tous ensemble !!!

Moukmouk a dit…

Mon fils part au Japon pour un an (un post-doc) je te jure que ça fait un grand trou même s'il vit en appartement depuis longtemps.

ZuZu a dit…

Sereine et contente de son choix, oui. Mais enfin il faut bien avouer que tu me manques, quand même ! <3