vendredi 18 avril 2008

Maryline


Maryline, ce n'était pas ma meilleure amie. Je ne l'ai d'ailleurs pas tout de suite reconnue sur les photos qu'elle et moi avions mises en ligne sur ce site de retrouvailles dont j'ai déjà parlé. Pourtant, son nom et son visage titillaient ma mémoire et, à force, j'ai fini par retrouver où et comment je l'avais connue. Nous étions de la même cité, nous avions le même âge, et nous avions partagé un moment fort de notre enfance : la communion "solennelle" comme on l'appelait alors.

A partir de là, nous avons entamé un long chapelet de messages par site interposé. Nos souvenirs différaient, nous nous sommes amusées à retrouver sur nos photos de CM1 et CM2 les prénoms de nos camarades. Je m’en rappelais certains et elle d'autres, c'est amusant comme la mémoire est sélective. Ensemble, nous avons évoqué la très grande liberté qui était la nôtre. 

La cité était au bout de la petite ville de province où nous habitions, et au-delà s’étendaient des champs. Le jeudi, ou pendant les vacances, sitôt notre repas avalé et à condition que les devoirs soient faits, nous étions lâchés dans la nature. Nos mamans ne craignaient pas alors pour notre sécurité – nous n'étions pas surprotégés comme nos enfants le sont aujourd'hui - et se contentaient de nous fixer des règles que nous n'aurions pas eu l'idée de transgresser. 

Maryline m'a rappelé l'existence d'un club hippique où nous allions juste voir les chevaux (l'équitation était une activité de luxe que seules quelques filles de notre classe pratiquaient). De mon côté, j'ai un souvenir cuisant d'une fois où, alors que nous étions en retard, nous nous sommes mis à courir et mon frère s'est épinglé dans des barbelés qui venaient d'être posés. Ma mère m'avait passé un savon carabiné : j'étais l'aînée.

Il est une chose sur laquelle nous nous sommes accordées, c’est que, sans le savoir, nous avions
peut-être vécu à ce moment-là les meilleures années de notre vie. Maryline vit maintenant dans ce ch’Nord auquel le film de Dany Boon vient de donner un sacré coup de projecteur. Elle s'est rapprochée de ses parents âgés, vit seule et a deux grandes filles.

C’est la seule de mes connaissances retrouvées sur ce site qui, à la question « Votre vie est-elle aussi réussie que vous l'aviez rêvée ? » a l’honnêteté de répondre non. Dommage qu'il n'y ait pas eu une bonne fée pour réaliser les rêves de la petite fille de 10 ans aux socquettes blanches sur la photo …

lundi 14 avril 2008

Verbicrucistes vs Cruciverbistes

J'ai toujours aimé les mots croisés, je tiens cela de ma mère. A ceci près que lorsqu'elle en fait, elle aime les partager. L'été, elle s'installe dans son transat, et si mon frère ou moi passons dans les parages, elle nous sollicite. Lui est toujours coopératif, moi nettement moins. Pour moi, ça n'a de sens que si ça reste un plaisir solitaire, si je puis m'exprimer ainsi. Mes préférés sont ceux de Télérama. Marc Aussitot a remplacé Guy Brouty (vrais noms ? pseudos ?) mais l'esprit reste le même. Cette semaine, j'aime bien celui-ci : "Activité pas toujours à temps perdu" (9 lettres)*
Mon mari dit que je n'ai aucun mérite vu que je les finis toujours. En fait, là où réside pour moi le vrai plaisir, c'est dans le temps que je vais mettre à en venir à bout. Il y a ceux que je finis dans la journée ou le lendemain, après deux ou trois prises en main, et ceux, les coriaces, que je termine "à l'arrache" le jour même de l'arrivée du numéro suivant. Je mets alors dans la marge un petit smiley rigolard qui signifie : je t'ai eu !
Ceci me fait penser à une visite d'entreprise que j'avais faite un jour chez F...- B..., leader des systèmes de sécurité. Le Directeur Commercial qui nous recevait avait tout de l'image qu'on peut se faire d'un ancien repris de justice : rouflaquettes, chemise ouverte, gourmette en or, je n'exagère rien.
Il nous avait expliqué que ce qui intéressait avant tout leur service R & D, ce n'était pas de trouver le coffre-fort inviolable ou la porte blindée imprenable qui, selon lui n'existaient pas, mais de retarder au maximum le moment où les malfrats parviendraient à les forcer. Plus ce serait long et plus ils auraient de chances de se décourager ou d'être dérangés dans leurs basses œuvres. En gros, il fallait à tout prix les tenir en échec le plus longtemps possible.
Et bien, il en va de même pour les mots-croisés. Les verbicrucistes que sont M. Aussitot (décidément, ce doit être un pseudo...) et consorts, je les imagine bien nous défiant, petits malins de cruciverbistes que nous sommes, pour le seul plaisir de nous faire .... échec et mat !

(*) RECHERCHE. Vous aviez trouvé ?

samedi 12 avril 2008

Ce 12 avril 1975

Il est des dates qu'on n'oublie pas. Pourquoi celles-là et pas d'autres, va savoir. Ainsi donc aujourd'hui, ce samedi 12 avril m'a renvoyé à la même date trente-trois ans plus tôt. La grande affaire de ce samedi 12 avril 1975 c'était LE bal de la chorale du lycée. Je sais, vu comme ça, ça fait tarte. J'avais 17 ans et depuis des semaines, avec mes copines, on ne parlait que de ça. Ce qu'on allait porter, qui il y aurait, sous-entendu est-ce que Marc, Christian ou Stéphane seraient là pour nous faire danser, et plus si affinités...
L'affiche était alléchante, on nous annonçait le trompettiste Bill Coleman [photo], celui-là même qui, quelques années plus tard, participerait à la création du festival Jazz in Marciac. Avec le recul, je me dis que c'était là un choix d'adultes, sans doute des profs du lycée. Je pense qu'aucun de nous n'y attachait la moindre importance. A ses côtés se produisait un groupe de rock local du nom d'Arc-k-en-ciel. Une de mes copines, Véro, était amoureuse d'un des musiciens, le bassiste je crois.
Si je raconte ça, c'est parce que c'est ce soir-là que j'ai connu mon premier flirt sérieux. Même pour l'époque, je n'étais pas très en avance. Il s'appelait Michel et après m'avoir entraînée sur la piste pour quelques rocks endiablés du groupe ci-dessus mentionné, il avait gardé fermement ma main dans la sienne pour une série de slows, et avait fini par m'embrasser. J'étais sur un petit nuage et je ressentais tout un tas de sensations physiques bizarres que je pris pour autant de signes que "le" grand amour venait de me tomber dessus. J'avais des maux de ventre terribles lorsque je quittais mon cavalier après cette mémorable soirée. Le lendemain, un dimanche donc, les symptômes toujours présents, j'ai bien été obligée d'en parler à ma mère sans mentionner toutefois ce que je pensais en être la cause (Love at first sight,
etc.) Elle a donc trouvé un médecin de garde et je suis rentrée le soir même en clinique : appendicite !
Mon nouveau petit copain est venu me rendre visite tous les jours puis notre idylle a vite tourné court. J'étais inexpérimentée et sûrement trop sérieuse pour lui qui fumait des pétards et concoctait des cocktails Molotov sur le balcon de ses parents (mai 68 n'était pas si loin...)
Epilogue : grâce à un de ces sites de retrouvailles de copains de lycée, je suis entrée récemment en contact avec lui. Il habite à l'autre bout de la France, est chef d'entreprise, a été marié, démarié, remarié (comme moi) et a quatre enfants (moi deux seulement). Nous avons échangé des voeux à l'occasion de cette nouvelle année, celle de nos 50 ans. Ah, j'oubliais, il y a quelques semaines, j'ai reçu par mail une pétition pour le Tibet que j'ai signée. C'est Michel qui me l'avait envoyée. Rangé mais toujours militant...

vendredi 4 avril 2008

Satisfait ou remboursé

Il devrait en être des présidents de la République comme des produits de consommation. On devrait pouvoir les échanger quand on en n'est pas satisfait. Le nôtre est au plus bas dans les sondages, ce qui en soit n'est pas le plus étonnant. Les français sont inconstants, on le sait depuis le Général de Gaulle qui nous comparait à des fromages. Trop typés, trop différents, trop coulants ... Donc, après quelques mois à la tête du pays, chacun des présidents qui se sont succédé a connu son temps de disgrâce, sa Roche Tarpéienne qui l'attendait au tournant. Mais celui-là bat tous les autres et c'est ce qui explique ma mauvaise humeur. Bien que je m'en méfiais, j'ai voté pour lui au deuxième tour et j'y ai cru.
Moins d'un an après, force m'est de constater que j'aurais mieux fait de m'abstenir. Je ne dis pas, voter Ségolène, je dis bien : m'abstenir. Je me sens bernée, flouée, et si je connaissais le service après-vente de l'Elysée ou sa hotline, je demanderais bien un échange. Je passe sur le côté bling-bling et ringard (quoique Bigard, Johnny, Mireille Mathieu, Disneyland, ça fait beaucoup), je passe sur la Première Dame qu'on nous a d'abord "vendue", puis le divorce, puis le remariage éclair avec une ex top model croqueuse de rockeurs et de philosophes père et fils.
J'aurais plutôt pitié d'elle quand je la vois sur les photos lors de sa visite à HM The Queen, en chaussures plates et petit galurin sur la tête (comme l'a noté si justement Didier Porte, on aurait dit une hôtesse de l'air du temps de feu l'Aeroflot), elle qui était si sexy dans les années 80. Voilà qu'on nous la présente comme la nouvelle Jackie K., ce qu'on dit d'à peu près toutes les premières dames, pourvu qu'elles sachent servir de faire-valoir à leur mari et porter du Givenchy. Passons.
Non, ce qui m'énerve vraiment c'est d'avoir cru au Président du pouvoir d'achat, lequel est bien mal en point et ce, même pour les classes relativement privilégiées dont j'ai la chance de faire partie. C'est d'avoir cru au Président des Droits de l'Homme, quand je vois comment il se comporte face à l'outrecuidance de la Chine, qui non seulement a un peu vite oublié que c'était parce qu'on attendait d'elle qu'elle fasse des progrès dans ce domaine, qu'on lui a accordé les JO, mais qui en plus, vient faire la police à notre place chez nous !
C'est d'avoir cru qu'on garderait notre exception française (là j'étais très naïve, j'en conviens) sur la scène internationale, alors qu'en moins d'un an, nous voilà rendus à faire allégeance à Bush, encore pire que les Anglais ! On est loin du véto de la France à la guerre en Irak, ça au moins, ça avait du panache.
Plagiant la marionnette de Chirac, il y a quelques années, je dirais bien : Putain, encore 4 ans !