mardi 25 août 2009

Paris au mois d'août

Cette année-là, le 25 août est tombé un dimanche. Les rues de Paris étaient désertes et nous n'avons eu aucun mal à rallier le quartier où j'avais rendez-vous avec toi, le XIVè. Quatre coups venaient de sonner à la grande horloge de l'hôpital Saint-Vincent-de-Paul, que les parisiennes branchées appellent SVP, quand j'ai été autorisée à pénétrer dans le saint des saints, la salle de travail. Quatre heures et quatre centimètres. Excuse-moi pour ce détail trivial mais un jour, je l'espère, tu comprendras. Je m'efforçais de ne pas trop penser à la douleur et de me concentrer sur le carré de ciel bleu qui se détachait de la fenêtre. Quand je revois cette scène, j'ai toujours cette image des trois filles s'activant autour de moi et du soleil entrant à flots dans la pièce. En dehors de ton père qui se tenait discrètement dans un coin, nous n'étions que des femmes : l'anesthésiste, la sage-femme, l'infirmière et moi, la parturiente. D'elles trois émanait un mélange de décontraction - visiblement elles se connaissaient bien - et de compétence. Je me sentais en confiance. J'avais pourtant un mal de chien, le mal joli, tu parles ! On m'avait fait une "petite" péridurale car le travail était déjà bien commencé quand j'étais arrivée et puis, je voulais participer, tu me connais. Tu as remarqué ce mot, travail, qui revient tout le temps quand on parle d'accouchement ? Étymologiquement, travail s'apparente à torture et ce n'est pas toi qui diras le contraire, n'est-ce pas, ma chérie ? Mais moi qui suis par nature assez appliquée, je peux te garantir que je faisais mes devoirs consciencieusement ce jour-là. Ton arrivée était prévue pour le 25 août et tu es arrivée ... le 25 août. Pas pressée, à la limite de la ponctualité, ça non plus, ça ne t'étonnera pas. Je ne savais pas si j'attendais une fille ou un garçon mais j’avais entendu ma grand-mère dire que que les petites filles prennent plus leur temps car elles font leur toilette. Bon, finalement, quand tu t'es décidée à venir, tout a été très rapide. Deux poussées pour la tête, une pour le corps et hop, tu étais là. 18h45, une heure que j'aime entre toutes, surtout l'été. Quand j'ai compris que j'avais une fille, ma fille, j'étais folle de joie. On t'a mise sur mon ventre. Je t'ai trouvée superbe. Pas fripée, un teint de pêche, des yeux clairs, des cheveux et des sourcils très blonds et des cernes sous les yeux comme ton papa. A première vue, tu ne me ressemblais pas du tout, ni à ton frère. Voilà, ma princesse, ma petite poupée blonde, comment tu as fait ton entrée dans la vie, dans ma vie. Un 25 août comme aujourd'hui. 18 ans que tu fais mon bonheur. Bon anniversaire, ma chérie !

jeudi 20 août 2009

La tentation d'écrire

Pour les deux ans de mon blog, je me suis fait un petit cadeau. J'ai décidé d'en faire imprimer quelques morceaux choisis. Cela donne un recueil de 135 pages, de format 17,6 x 25 en quadri, dos collé, mise en page faite par moi-même avec sommaire, dédicace, table des illustrations, mentions de l'imprimeur, copyright, résumé en quatrième de couv', bref un presque vrai livre. J'en ai confié la réalisation à un imprimeur avec lequel j'avais l'habitude de bosser à l'agence et qui, de fait, a rendu un travail très soigné. Le hic c'est que, compte tenu du peu d'exemplaires et du traitement "à la pièce", chacun m'est revenu à 30 euros. J'en ai donc fait tirer une dizaine que j'ai offerts à mes proches. Et puis, voilà que je reçois la visite d'une copine que je ne vois pas souvent puisqu'elle vit en République du Congo ce qui en fait ma plus lointaine lectrice. Nous discutons du sujet, elle me dit qu'elle-même est tentée par l'aventure mais manque de temps. Maman de deux jeunes enfants et active depuis qu'elle a ouvert une petite agence de pub à Pointe Noire, elle a fait récemment publier un livre pour enfants dont elle a écrit les textes et illustré par des artistes locaux. Elle s'est débrouillée pour trouver un sponsor et le faire distribuer à la rentrée dans toutes les écoles maternelles de la ville. Avec son expérience de femme d'expat' en Afrique, maman attentive et entrepreneuse dynamique au grand coeur, les sujets de blog ne lui manqueront pas. De fil en aiguille, je lui montre mon "livre" dont il me restait deux exemplaires et là, elle sort un billet de son porte-monnaie et insiste pour l'acheter. Je suis à la fois très gênée et émue. Qu'on puisse apprécier mon travail au point de vouloir y mettre le prix me sidère ! Je vais vous faire un aveu, la tentation d'écrire me taraude depuis que je vis cette période d'inactivité forcée et mes proches me poussent à me jeter à l'eau. Ce qui me freine ? D'abord, je ne suis pas persuadée d'avoir ce talent et je suis assez réaliste pour savoir que j'ai une chance infime d'être publiée un jour. Et puis, en tant que lectrice, je trouve l'offre d'ouvrages publiés pléthorique et le livre neuf, une denrée chère et à durée de vie limitée. J'avais du reste déjà écrit un billet sur la date de péremption très courte des livres et leur triste fin. Le Télérama de cette semaine recense 430 nouveaux romans pour la seule rentrée littéraire de septembre, sachant que la prochaine est en janvier. Qu'en émergera-t-il ? Une ou deux bonnes surprises, les éternelles locomotives, et surtout, les petits malins qui ont trouvé le bon créneau mais ne sont pas forcément ceux qui écrivent le mieux. Non, je ne citerai pas de nom ...

mardi 11 août 2009

Ils ont des chapeaux ronds

Ce week-end, nous étions en Bretagne. Pas celle de notre chère capitale, non, celle des côtes et des embruns, des solides maisons en granite, des rochers déchiquetés par les flots et le vent, en un mot, l'Armor. En plus, le temps était superbe et la Bretagne sous le soleil, c'est vraiment magique. Nous étions reçus, merveilleusement comme à chaque fois, par des amis chers à notre cœur, comme dit si bien Philippe Meyer sur France Inter. J'en profite pour rassurer son fan club, Bérangère va bien. Elle est en vacance de blog et en vacances tout court sur ses terres. C'est d'ailleurs un des derniers endroits en France où les portables ne passent pas et où les seuls débits qu'on connaisse sont les débits de boissons. Tout l'été, la jolie maison aux hortensias ne désemplit pas. Les copains venus de Singapour, San Diego, Jérusalem, Paris ou d'ailleurs se succèdent autour de grandes tablées où l'on déguste un succulent agneau au coco de Paimpol (AOC) et un délicieux far aux pruneaux (AOC), spécialité de PP. Dimanche soir, nous avions décidé de faire un tour au Festival du Chant de Marin de Paimpol, ou Pempoull pour les puristes. Pendant trois jours, ce petit port se pare de ses plus beaux atours, vieux gréements pimpants aux oriflammes chatoyantes, ambiance bon enfant, vrais bretons et touristes se régalant de galettes-saucisses ou cochon grillé, une bolée de cidre ou une canette de Coreff à la main. Outre le plaisir des yeux et du ventre, celui des oreilles n'est pas oublié grâce à ces petits groupes de chanteurs en marinière et vareuse qui entonnent le répertoire des terre-neuvas ou celui de Mac Orlan repris en chœur par un public tout acquis. Je suis toujours aussi fascinée de voir ces grappes de gens s'attraper par le bras ou le petit doigt pour chalouper ensemble telle une énorme vague ! Bien sûr, pour créer l'attraction et aussi concurrencer les autres festivals de la région, celui-ci propose quelques têtes d'affiche comme cette année, Marianne Faithfull ou ... Alan Stivell. Là, mon lecteur juste réveillé se frotte les yeux. Qui ? Alan Stivell ? Le chantre de la Bretonnitude, le barde à la harpe qui le premier fit connaître Tri Martolod à toute une génération ? Il chante encore ? Oui et à 65 ans, il fait le plein, le bougre ! Le Quai Loti était noir de monde et j'ai dû jouer des coudes et me hisser sur la pointe des pieds pour tenter de l'apercevoir. Ainsi, c'était bien lui, le Dieu de mes copains bretons du camp d'ados 1973 ? Pour ce petit moment de nostalgie, Mersi bras ha kenavo, Monsieur Stivell !


lundi 3 août 2009

Welcome to Savannah

Le retour à la maison s'est accompagné de la venue d'un nouveau membre à notre foyer, une adorable petite chatte gris anthracite, aux poils longs et aux yeux gris verts. Zuzu et moi avions rendu visite à la portée la veille de notre départ en vacances. Je voulais de préférence une petite chatte, vestale du foyer, car fatiguée de m'attacher à des matous qui ne pensent qu'à fuguer. Les copains qui cherchaient à placer leurs chatons en avaient quatre dont deux demoiselles. La première m'a griffée et s'est sauvée, la seconde s'est lovée contre moi et a ronronné : elle m'avait choisie. Trois semaines plus tard, nous étions sur la route quand les copains ont appelé, ils partaient en vacances et ça les arrangeait qu'on vienne chercher notre protégée. Une heure à peine après avoir posé nos bagages, nous étions reparties. D'après le manuel du bon usage des chats de compagnie, lu après coup, nous avions tout faux. Il aurait fallu la transporter dans un panier ou une boîte alors que nous l'avions mise sur les genoux de Zuzu. Je sais que certains félins peuvent devenir hystériques, planter leurs griffes dans l'épaule du conducteur et provoquer un accident mais, franchement, elle nous paraissait bien zen et elle a dormi pendant les trente minutes du voyage. Dormir comme un bébé - qu'elle est - et se cacher sous les meubles a du reste été sa seule activité pendant les premières vingt-quatre heures. Depuis, elle se dégourdit à vue d'oeil. Elle saute du sol de la cuisine au premier barreau de la chaise, s'enhardit, grimpe sur l'assise, et essaierait bien la table si un "non" énérgique ne venait l'en empêcher. Elle a investi le canapé malgré le joli petit coussin bariolé que j'avais acheté spécialement pour elle et, je dois l'avouer, je l'ai trouvée une ou deux fois sur les lits. Je passe des heures à l'observer, j'avais oublié combien le spectacle d'un chat jouant avec un bouchon de liège accroché à une ficelle (son jouet préféré fabriqué pour elle par BrB) pouvait être captivant. Trois jours qu'elle est là et nous en sommes déjà fous tous les trois. Nous avons attendu que BrB rentre de son voyage en Inde pour la baptiser. Plusieurs noms tenaient la corde. Finalement, on a choisi Savannah. BrB pensait à la pièce de Duras, moi plutôt à "Minuit dans le jardin du bien et du mal" qui se passe dans cette ville du Deep South américain (j'ai préféré le bouquin à l'adaptation qu'en a faite Clint Eastwood). Savannah ne remplacera pas Oratio dans nos coeurs mais déjà, cette petite boule de poils d'à peine un kilo est en passe de prendre une place énorme dans notre vie.