samedi 20 décembre 2008

Je pars avec Théodore

Tout le monde connait ce tableau de Georges de La Tour mais rares sont ceux qui savent qu'il est la masterpiece du Musée des Beaux Arts de Rennes, le MBAR comme on dit ici. Curieusement, j'ai découvert le musée de ma ville en allant voir une exposition un été sur les Impressionnistes au Musée Fabre de Montpellier. J'ouvre une parenthèse, au début du XIXè, les peintres qui ne se réclamaient pas encore de ce courant avaient mauvaise presse et leurs tableaux ont été pour beaucoup achetés par des collectionneurs américains et des musées de province. Ce n'est que bien plus tard que les musées parisiens s'y sont intéressés. Le Musée de Rennes possède ainsi des Sérusier (sa Solitude est une petite merveille), Vuillard, Caillebotte et même un Gauguin. Je referme la parenthèse impressionniste. En ce moment, l'étage des collections permanentes du MBAR est fermé pour cause de lifting et ne rouvrira qu'en mars après un an de travaux. Je me suis promis de m'y précipiter dès la première semaine pour aller admirer ce "Nouveau-né" dont je ne me lasse pas et qui, pour moi, évoque vraiment l'esprit de Noël. J'avais envie de le partager avec vous, lecteurs fidèles ou de passage de mes petits billets. Ce Noël, pas de Messe de Minuit, pas de foie gras ni d'huîtres, pas de cadeaux à ouvrir au pied du sapin, puisque nous partons demain, BrB et moi, marcher dans le désert. Cette fin d'année a été bizarre, marquée par le "bannissement" persistant de mon fils, la découverte de la maladie d'une amie, la mort subite de notre chien, les scandales financiers à répétition, la perspective d'une crise, un avenir bouché pour beaucoup... Alors, envie de se vider la tête, de faire le point, de trouver des réponses. Peut-être. En tout cas, promis, en suivant l'étoile du berger le 24 décembre, j'aurais une pensée pour vous tous...

Messages personnels pour finir sur une note gaie : Bon anniversaire à mes filleuls, Grégoire, 5 ans aujourd'hui, Marie, 15 ans mardi, et à une petite Claire de 3 ans dont mon petit doigt me dit qu'elle aussi s'apprête à souffler ses bougies ...

jeudi 18 décembre 2008

Création de poste

Quand je suis arrivée à l'agence en février, on m'a présenté T., un collègue chef de projet, en me précisant qu'il créait son poste (sic). A 42 ans, il amorçait une reconversion professionnelle en préparant en alternance un master en marketing-communication. L'agence ne le payait pas puisqu'il bénéficiait du Fongecif. Fin juin, au pire moment pour chercher du travail, on lui signifiait qu'on ne pouvait pas le garder mais qu'on allait l'aider à refaire son CV, le faire bénéficier du "réseau" avec pour viatique une lettre de recommandation élogieuse. Aux dernières nouvelles, il n'a toujours rien retrouvé. T. avait à peine tourné les talons qu'est arrivée M., 22 ans, titulaire d'une maîtrise en communication et d'un DU de com' culturelle. Elle a lâché un job d'été pour venir du jour au lendemain bosser chez nous en tant que stagiaire-qui-allait-créer-son poste. On l'a parachutée chargée de production, munie de belles cartes de visite, rajoutée à l'organigramme de l'agence et elle a commencé. Peut-être parce qu'elle avait le même prénom que le mien, l'âge d'être ma fille et que je la ramenais presque tous les soirs - forcément, ça crée des liens - je me suis attachée à elle. Une de mes collègues et moi-même avons bien essayé de l'encourager à chercher un autre job dès la rentrée mais je voyais bien qu'elle s'investissait à fond dans celui-là et même moi, il m'est arrivé de croire qu'elle resterait. Elle a donc bossé à plein temps et au-delà, occupant pleinement son poste rémunéré 399 euros par mois puisque c'est ce que la loi impose pour les stages de longue durée. Entre temps est arrivé F., 26 ans (!), un autre stagiaire, pour une mission de 4 mois, sympa, serviable mais légèrement fumiste ou, à la réflexion, plus lucide. Lundi, le couperet est tombé, ni M. ni F. ne seront gardés au-delà de la fin de l'année, c'est-à-dire d'ici une semaine puisque l'agence ferme pour les fêtes. Hier soir, nous avons eu droit au champagne et aux petits fours. F. a réalisé une présentation sur les dernières réalisations de l'agence auxquelles M. a largement contribué. On les a remerciés pour leur investissement, on leur a promis qu'on les aiderait à refaire leur CV, qu'ils profiteraient du réseau, etc. En attendant, début janvier, le job de M. sera dispatché entre deux collègues et moi-même à moins que d'ici là, un autre stagiaire vienne "créer son poste". D'ailleurs, la semaine dernière, j'en ai vu un qui patientait dans la salle d'attente...

lundi 15 décembre 2008

C'est un trou de verdure...

Ce dimanche de décembre, le temps n'était pas trop froid, la lumière était belle et il ne pleuvait pas. Cette conjonction nous a paru idéale pour faire cette dernière balade avec notre Toutou. Cela peut en surprendre d'aucuns mais quand nous avons emmené notre chien chez le vétérinaire voilà deux semaines, juste après sa fin brutale, son maître a opté pour une incinération individuelle. Comme nous n'avons plus de jardin, un endroit s'est tout de suite imposé à nous, le "Paradis du chien". C'est ainsi que l'avait baptisé Arthur quand nous allions nous promener le long des étangs d'Apigné avec les enfants petits et Oratio, d'abord jeune chiot puis dans la force de l'âge. Je ne suis pas très douée pour les descriptions mais je vais m'y essayer néanmoins. Pour y parvenir, il faut emprunter un petit chemin creux envahi de ronces et d'orties car, comme chacun sait, le paradis se mérite. On débouche alors sur un petit promontoire au-dessus de l'étang, au centre duquel trône un magnifique saule pleureur. Là, quelle que soit la saison, la vue qui s'offre à vous est de toute beauté. Un paysage de nos campagnes, paisible, protégé, sans manières. Notre chien, en bon labrador, adorait l'eau et c'était un régal de le voir se lancer dans l'étang, nager jusqu'au bâton que nous lui lancions et revenir fièrement avec son trophée dans la gueule. Enfin, n'embellissons pas la réalité, une fois sur deux, il l'oubliait en route... Voilà, nous avons refait le chemin une dernière fois et, tandis que Zuzu et moi nous cramponnions l'une à l'autre, BrB dispersait les cendres de notre compagnon, à l'endroit même d'où il émergeait après l'un de ses innombrables plongeons. Je me plais à croire qu'il y est pour toujours heureux, dans son élément, en compagnie des canards qu'il essayait en vain d'attraper...

samedi 13 décembre 2008

Blonde en d'dans

La lecture du dernier billet de Karmara, m'a fait penser à une anecdote qui m'est arrivée voici deux étés. J'étais en vacances dans le Sud chez ma sœur et elle venait de s'acheter une Mini. Il me faut préciser ici que je suis une inconditionnelle de ma petite sœur. A 40 ans, elle est notaire, mariée, mère de trois garçons adorables, vit dans une maison de rêve et a, je trouve, une classe folle. Bref, si connotation il doit y avoir, je dirais que sa Mini va bien avec le décor. Cet été-là, donc, j'étais venue en avion avec ma fille et, ma sœur et sa petite famille partant pour quelques jours, elle m'avait laissé et la maison et la voiture. Ma filleule étant avec nous, je décidais d'emmener mes deux ados au cinéma. Je pris donc le volant de la Mini non sans une certaine appréhension car elle est de prime abord, intimidante. Pour la démarrer, on n'utilise pas une vulgaire clé de contact mais une espèce de sucette plate qui se glisse horizontalement dans le tableau de bord. Comprendre ça m'a pris quelques minutes. Ensuite, moi qui roule habituellement comme une petite folle, là, je pris mon temps pour arriver au complexe Méga-Truc situé à l'autre bout de la ville. C'est après la séance que les choses se compliquèrent. Il devait être 13h30 et il n'y avait plus personne sur le parking. Et là, impossible de démarrer cette fichue voiture. Je commençais à paniquer complètement, pensant que quelque chose s'était déréglé dans tout l'électronique transporté à bord de ce petit bijou. Après un temps qui me parut interminable, je m'apprêtais piteusement à appeler mon père à la rescousse quand j'avisais un couple sur le parking qui venait de garer un petit coupé sport. Lui, la petite soixantaine, sourire et cheveux teints à la Jean-Pierre Foucault, chemise ouverte sur une chaîne en or, elle, blonde et disons, assez proche du descriptif de la "pétasse"que brosse K. dans son post...
J'explique donc mon problème au Monsieur et celui-ci, légèrement intrigué, passe la tête par la portière et regarde comment je m'y prends pour démarrer la bête. Il recule un peu et, petit rictus aux lèvres, me dit : "Mais là, c'est pas sur l'embrayage que vous appuyez, c'est sur la pédale de frein". La honte ! Et j'ai le permis depuis 25 ans. Alors, pour sauver la face devant "mes" filles et aussi, parce que dans ce cas, mieux vaut répondre par l'humour, je lui adresse mon plus beau sourire et lui dis sans me démonter :
- "Eh bien, je pense que vous aurez quelque chose à raconter dans les soirées désormais". Et lui, du tac au tac : "- Comptez sur moi, Chère Madame, je n'y manquerai pas".
Message à toutes les blogueuses blondes, le choix du titre de ce billet est, bien sûr, une boutade...

mercredi 10 décembre 2008

Déconficulture

Au boulot en ce moment, tout le monde est plus ou moins malade. Ça tousse dans tous les coins. "Ce n'est plus une agence, c'est un sanatorium !" m'exclamé-je. Mon collègue E. qui a des lettres et moi-même dissertons alors sur tout ce vocabulaire éradiqué en même temps que la maladie : tuberculose, phtisie, sana. Au fait, qui a écrit "La Dame aux camélias" demande-t-il ? -"Théophile Gautier". Nan, c'est pas ça. Le téléphone sonne à ce moment, je réponds. Lui google pendant ce temps et annonce : "c'est Alexandre Dumas fils !" Bon Dieu mais c'est bien sûr ! m'écrié-je alors comme aurait fait Raymond Souplex, le petit homme au chapeau plat du Commissaire Bourrel (quand on a ce genre de références, on prend un sacré coup de vieux, non ?). Pourquoi ai-je dit Théophile Gautier ? A la réflexion, ce doit être une association d'idées avec Marguerite Gautier. Décidément, ma mémoire a des ratés.
La semaine dernière, quand Maman était à la maison, je rentrais à l'heure de Questions pour un c... (censuré). Ce n'est pas pour me vanter mais le temps d'accrocher mon manteau sur la patère, j'avais répondu à trois questions. L'autre premier de la classe derrière son écran me lançait des défis avec sa tronche d'Agnan vieux, ses agaçantes petites fiches jaunes et son débit mitraillette.
- Compositeur et guitariste espagnol, je crée en 1947 le Concerto d'Aranjuez de Joaquin Rodrigo ... J'enregistre ensuite des pièces pour piano d'Albeniz, Granados et Manuel de Falla transcrites pour la guitare... je connais la célébrité grâce à l'interprétation de la musique du film "Jeux interdits"... je suis ... je suis ...
- Narciso Yepes
- Wouaouh ! dit ma fille.
- Pourquoi tu ne t'inscris pas à Questions pour un c... ? demande ma mère pour la énième fois.
- Peut-être parce qu'on a beau être à l'heure de la télé-réalité, je ne voudrais pas atteindre la gloire pour avoir été la première à étrangler un animateur en direct sur un plateau.
Ma culture, je ne sais pas si je l'étale mais une chose est sûre, plus ça va plus je trouve qu'elle a salement tendance à dégouliner par les trous de la tartine.

samedi 6 décembre 2008

Tout sur ma mère

Plus d'une semaine que j'ai déserté ce lieu d'expression. La raison en est simple, ma mère passe huit jours avec nous. Comme 900 km nous séparent habituellement, j'essaie de lui consacrer tous mes moments libres. Raison pratique aussi, elle occupe le bureau où trône l'ordinateur. Ma mère, donc. Maman est une dame de soixante-treize ans qui pète le feu. Elle fait des tournois de bridge, de tarot, va au cinéma, garde les plus jeunes de ses petits-enfants qui, dit-elle, ne lui pèsent jamais. De toute façon, si elle était fatiguée elle ne l'avouerait pour rien au monde. Elle est abonnée à Femme Actuelle et à Julien Lepers (je lui pique le premier et ferais volontiers piquer le deuxième ...). Elle est toujours coquette, parfois avec un rien d'extravagance. Il ne lui viendrait jamais à l'idée de sortir sans rouge à lèvres. Si elle était une chanson, ce serait "La valse à mille temps" de Brel. Passer une journée avec elle me fait l'effet d'avoir avalé une cafetière entière de 100 % Arabica. Hier, c'était mon jour de repos, le mal nommé en l'occurrence. Nous nous sommes fait le plan mère-fille intégral : shopping, marché de Noël, déjeuner dans un salon de thé, re-shopping. En fin d'après-midi, nous avons récupéré Zuzu à la sortie du lycée et direction l'Aquatonic. Un parcours détente dans de l'eau à 34°, quelques longueurs de bassin, un hammam plus un sauna, ce n'était pas de trop pour me remettre de cette journée trépidante. Nous avons donc passé deux heures à barboter et à papoter, la grand-mère, la mère et la fille ou la mère, la fille et la petite-fille, au choix, bref trois générations dans l'eau. Je me suis dit que ce ne devait pas être si courant et que j'avais drôlement de la chance de vivre un moment pareil. Une femme reste toujours la fille de sa mère. La plupart du temps, on s'efforce de ne pas trop lui ressembler. Et puis on se dit que faire aussi bien qu'elle, ce ne serait déjà pas si mal...