vendredi 25 mars 2011

Vacanze romane

Nous sommes en novembre, il fait gris et sombre quand nous passons devant la vitrine de cette agence de voyages au nom d'artiste italien. Une affichette attire nos regards : Rome au départ de Bordeaux. On entre. Quelques instants après, nous en ressortons délestés de quelques centaines d'euros mais avec la perspective d'une escapade dans la douceur d'un printemps romain. Sur le moment, ça nous  paraît très loin ces ides de mars et puis voilà c'est arrivé, et c'est déjà fini. On est venus, on a vu, on n'a rien vaincu, surtout pas la fatigue de nos pieds qui ont arpenté la ville éternelle dans tous les sens. Pour l'émotion artistique, mieux vaut se laisser guider par son inspiration, entrer dans une église et y découvrir un (ou plusieurs) Caravage de toute beauté plutôt que de suivre les circuits balisés. La Chapelle Sixtine par exemple. Qui n'en a pas rêvé ? Échaudés par l'expérience de Florence où nous n'avions pas pu voir la Galerie des Offices (quatre heures de queue !), j'ai pris le temps cette fois de réserver l'entrée des Musées du Vatican sur internet. Las ! Si vingt minutes à peine nous suffisent à pénétrer dans la première salle, nous n'y sommes pas tous seuls. La Chapelle Sixtine donc. Imaginez la Gare Montparnasse un jour de grands départs en vacances, pareil. Des centaines de personnes, tête en l'air scrutant le fameux plafond de Michel Ange à la recherche de la main de Dieu touchant celle de l'homme. Des grappes d'humains se mettant en scène sur la photo souvenir, celle qu'ils montreront plus tard pour dire j'y étais. Quelle déception ! Juste l'envie de se plonger dans un livre et d'y retrouver tous les détails qui nous ont complètement échappés sur le moment. Trop de parasitage. La Basilique Saint-Pierre, en revanche, que du bonheur ! On se sent écrasés par sa grandeur,  happés par tant de beauté, gagnés par la ferveur du lieu, que l'on soit croyant ou pas. Mais Rome, comme toutes les villes d'Italie, c'est avant tout une ambiance, cette atmosphère si particulière, mélange de dolce vita et de raffinement. Les boutiques, le moindre musée, les innombrables églises, les placettes et leurs terrasses pleines dès les premiers rayons de soleil, la cuisine, le vin, tout est une invitation au beau, un régal des sens. Sans parler des Italiens. A la terrasse du Caffè delle Arti en lisière du parc de la Villa Borghese, je les observe fascinée. Élégants, le verbe haut, les mains aussi éloquentes que les mots, et je  pense alors à ce qu'en  disait Cocteau : "Les Italiens sont des Français de bonne humeur"...     

mercredi 16 mars 2011

L'honneur japonais

Après deux billets à connotation politique, je m'étais juré que le prochain serait plus léger. Mais comment continuer à faire comme si de rien n'était quand le Japon est touché de plein fouet par une catastrophe qu'on pressent comme étant l'une des pires de notre époque. Je ne sais pas vous mais moi je me sens comme au lendemain du 11 septembre. Je n'arrête pas de lire compulsivement les dépêches sur Internet et de regarder toutes les infos à la télé. Encore que de ce côté là, on est déjà passé à autre chose, le débat sur le nucléaire en France. Alors que les Japonais restent dignes après avoir subi à la fois l'un des plus forts tremblements de terre de tous les temps, un tsunami dont les victimes se comptent par dizaine de milliers et sont sous le coup d'une menace nucléaire majeure, nos compatriotes se précipitent dans les pharmacies pour faire provision de pastilles d'iode ! Quand cessera-t-on de se regarder le nombril dans ce pays ?  En Inde, nous étions quelques femmes d'expat à nous rencontrer chez l'une ou chez l'autre une fois par semaine pour discuter de différents sujets pendant une heure en anglais puis une heure en français. D'abord constitué de Françaises, de Britanniques et d'Américaines, notre groupe de "franglais" s'était peu à peu élargi à une Indienne, une Italienne et deux Japonaises, toutes éprises de notre langue. L'une d'elles était ma voisine et je regrette de ne pas l'avoir mieux connue car elle est arrivée peu avant que je ne parte. Depuis vendredi, je n'arrêtais pas de penser à elle et ce matin, je l'ai contactée. Je la savais toujours en Inde mais sûrement inquiète pour sa famille et ses amis restés au pays. Elle m'a répondu qu'en dehors de son frère qui vit à Tokyo, le reste de sa famille est à Kobé. Et de me rappeler que c'était là qu'il y a 15 ans s'était produit déjà un terrible tremblement de terre. Elle m'écrit qu'étudiante, elle est restée un mois sans pouvoir retrouver ses parents car les liaisons en train entre la ville où elle étudiait et Kobé avaient été coupées. Quand je suis arrivée, dit-elle, c'était comme s'il y avait eu la guerre. Et de rajouter, pourtant celui que nous venons de vivre est 140 fois plus fort. Dire que les médias français prétendent que les autorités japonaises minimisent l'ampleur de la catastrophe. J'ai une analyse un peu différente, je crois plutôt que ce sont les Japonais qui nous donnent une leçon de courage et de dignité.
Au moment où je termine d'écrire ces lignes, je tombe sur cet édito  : L'honneur des Japonais

mardi 8 mars 2011

Femmes je vous aime

C'est aujourd'hui la journée mondiale de la femme ce dont, a priori, tout le monde est au courant. Je ne sais pas si c'est parce que c'est le 100è anniversaire (merci  Clara !) et que les médias nous en rebattent les oreilles depuis ce matin mais je trouve qu'on en parle beaucoup cette année. Dans les réseaux sociaux, la grande sororité universelle se déchaîne. Moi la première, je congratule à tout va mes sœurs qui me le rendent bien. On aimerait penser que les femmes sont des hommes comme les autres et surtout qu'elles sont toutes formidables. Pourtant ces jours-ci, l'une d'entre elles crée l'émoi en caracolant en tête des sondages dans la perspective de la présidentielle qui, rappelons-le, n'a lieu que dans 14 mois. On pourrait penser hâtivement que la fameuse phrase de Françoise Giroud, la femme sera l'égale de l'homme le jour où l'on verra des femmes incapables à des postes de responsabilité, s'applique à cette dame mais je la crois au contraire diablement intelligente et certainement pas incapable. En effet, elle a su se servir de sa féminité et des atouts du beau sexe pour convaincre toute une partie de l'électorat qui échappait à son père. Elle a été assez maligne pour gommer tout ce qui pouvait faire peur dans les postures de son géniteur en revêtant l'habit d'une femme jeune, active, mère de famille et bien ancrée dans son époque. Je ne l'ai pas vu mais il paraît que le Elle de cette semaine lui consacre même plusieurs pages ! J'imagine qu'Hélène Lazareff et Françoise Giroud, toujours elle, doivent se retourner dans leur  tombe.  Pour moi, elle est au moins aussi dangereuse et fanatique que son père et elle pourrait faire encore plus de dégâts que lui, dix ans après l'électrochoc de 2002. Mais assez parlé politique, je ne voudrais pas que ce blog ne devienne qu'un éditorial de plus sur les questions d'actualité et, si j'en crois les maigres commentaires de mon précédent billet, ici tout du moins, le genre ne fait pas recette. Et pour terminer sur une note optimiste, je fais le vœu que dans 100 ans, la Journée de la Femme ce soit 365 jours de l'année ou, encore mieux, qu'elle n'ait plus aucune raison d'être !