mardi 10 juin 2008

Les damnés de la terre

En découvrant la dernière page de mon journal ce matin, j'ai eu un choc. Mon œil a été attiré par cette photo parue en bas à gauche, et si j'en juge par l'article non titré et non signé qui l'accompagnait, ce choc, son auteur l'avait eu avant moi. Avec une sensibilité rare pour un quotidien régional à grand tirage, le journaliste commençait ainsi : "Cela pourrait presque être un tableau de Millet. Il ne l'appellerait pas l'Angélus mais l'Attente". Il nous expliquait ensuite le contexte. L'homme au premier plan est l'un de ces nombreux déplacés de la ville pétrolière de Abyei qui fournit 500 000 barils de pétrole par jour soit la moitié de la production du Soudan. Le Nord et le Sud du pays se font la guerre pour se partager cette manne, contraignant la population à fuir les zones de combat. L'homme, comme ses compagnons d'infortune que l'on aperçoit derrière lui, ne vit que de l'aide humanitaire internationale. Avec son écuelle vide à la main, il pourrait scruter l'horizon. Pourtant, il semble ailleurs, comme résigné, indifférent aux tractations qui se passent dans son dos.
La beauté de cette photo, sa composition, ce ciel plombé sur lequel se détache cette silhouette altière et fragile à la fois, m'émeuvent au plus haut point. Je suis allée sur Internet pour essayer d'en savoir plus sur le photographe et son reportage, et j'avais envie de vous en faire profiter. Voilà. Il s'appelle Tim McKulka, est américain et travaille pour l'ONU et Reuters. Je vous laisse découvrir son travail...
Ah j'oubliais, juste au dessus de cette pépite, les trois-quarts de la page étaient consacrés à l'éviction de PPDA du journal de 20 heures de TF1 à la rentrée prochaine. Selon que vous serez puissant ou misérable ...

5 commentaires:

Anonyme a dit…

Cette superbe est superbe par sa sensibilité. Dire que PPDA quitte son poste, je ne regarde pas la une, pour que son patron fasse un petit plaisir à notre petit président...

Anonyme a dit…

ton post d'aujourd'hui me rappelle un post écrit en mai 2006...


http://www.lagravette.net/article-2734342.html

Comme quoi, nous ne sommes pas copines pour rien

Au treize !

La petite poule noire a dit…

Bérangère, je viens de lire ton billet que je n'avais pas lu à l'époque où tu l'as écrit. Tu as raison, derrière chaque tragédie humanitaire, il y a un homme. Au delà des chiffres, des destins individuels. L'unité dans l'agrégat. Ça m'avait frappé aussi lors du tremblement de terre au Sichuan en tombant sur une photo terrible d'une mère tenant sa petite fille morte dans les bras...

Anonyme a dit…

et moi je viens de VOIR le travail de Tim McKulka...

Merci c'est superbe....

Anonyme a dit…

Bon, suite à ton billet, j'ai fait jouer mes relations. Tu as gagné! PPDA s'envole demain, et il reviendra avec une de ces victimes dans son sac de voyage.