vendredi 23 janvier 2009

A toute vapeur

Hammam. n. m. 1859 ; mot arabo-turc : "bain chaud". C'est drôle comme l'étymologie éclaire les mots de façon simple et les limite à l'essentiel. Mes premiers souvenirs de hammam remontent aux années 80. Le dimanche matin, je rejoignais ma cousine et nos copines au Hammam de la Mosquée, pas n'importe laquelle, la Grande Mosquée de Paris dans le Vè. Là, dans une atmosphère de gynécée, voire de harem mais sans eunuques, nous nous faisions étriller par d'accortes matrones au gant de crin. Elles nous laissaient pantelantes et rouges comme des écrevisses sur nos nattes, où, enveloppées dans nos serviettes blanches, nous papotions en sirotant du thé à la menthe. Je sais, c'est un peu cliché mais c'est la stricte vérité. J'ai le souvenir que ça piaillait là-dedans, un vrai poulailler ! Les unes se desquamaient à la pierre ponce, d'autres se badigeonnaient d'huile d'argan ou d'argile, certaines se faisaient même des couleurs au henné. Je n'ai jamais retrouvé cette ambiance ailleurs - des mosquées en Bretagne, ça ne court pas les rues - et les hammams que j'ai connus depuis sont aseptisés, le plus souvent associés à un sauna dans un centre de beauté. Rien à voir. Lors de notre randonnée au Maroc, j'avais lu sur la brochure que nous serions logés chez l'habitant avec tous les soirs possibilité de "faire un hammam", terme bien impropre, sans jeu de mots. En fait, j'allais découvrir une troisième version du hammam, sans doute la plus authentique et assez proche des nos anciens bains publics. Le hammam, situé à l'extrémité de la maison, se compose de deux minuscules pièces. Dans la première, où il fait à peine 12°, on se dépêche d'ôter ses vêtements. Puis, on entre dans la deuxième, entièrement carrelée de zellige. Le long du mur du fond, une sorte d'abreuvoir est rempli d'une eau chauffée par un feu de bois sous la maison dont les hommes entretiennent constamment les braises. A côté, un seau dans lequel on met l'eau chaude en faisant attention à ne pas se brûler, puis l'eau glacée qui coule d'un robinet jusqu'à atteindre la température idéale. Aussi efficace que n'importe quel mitigeur ! Il ne reste plus qu'à se verser de l'eau sur le corps, se savonner de la tête au pied au savon noir, et procéder de même pour le rinçage. Évidemment, la vapeur dégagée par la cuve d'eau bouillante assomme un peu mais après une journée passée à crapahuter, cela semble le summum du réconfort. Avec pour moi, un parfum d'enfance, celui de maman me versant sur les cheveux une casserole d'eau chaude. J'en ressens encore les picotements dans la nuque. Di-vin.

8 commentaires:

Anonyme a dit…

Je suis allée une fois à La mosquée dont tu parles pour y manger des patisseries en compagnie de mon fils et de sa petite amie de l'époque marocaine , depuis changement de petite amie , mais j'en garde un bon souvenir

Anonyme a dit…

thalasso..hammam...non non non même si c'est joliment écrit...tu ne m'auras pas là ! a domani ;-)

Anonyme a dit…

Ah mais je connais le hammam de la Mosquée de Paris ! J'y allais souvent il y a quelques années, le mercredi ou le vendredi. J'appréciais beaucoup, et c'est vrai ce que tu écris sur le pia-pia des femmes. Un très bon souvenir
En revanche, ton expérience au Maroc est différente, mais sympathique. Etonnante !

bricol-girl a dit…

Tu fais remonter à la surface des souvenirs d'Algérie, entre autres celui d'avoir l'impression que même au bout de plusieurs heures la saleté ressort encore et encore...

Anonyme a dit…

Je ne vais boire que du thé à la grande mosquée...Je n'ai jamais été tentée par le hamman, peur d'avoir du mal à respirer ...

Anonyme a dit…

Comme Heure-Bleue, la Mosquée de Paris m'est très connue pour... son salon de thé ! Je ne supporte pas sauna ou hammam, je suffoque ! Et ma peau n'apprécie pas du tout ces changements de température extrême! Mais ce que j'aime par-dessus tout c'est entendre - ou lire! - des souvenirs d'enfance...

Simplement ... a dit…

Je ne connais pas les joies du hammam, j'ai essayé le sauna une fois, je ne recommencerai pas, trop de mal à respirer.
Par contre la casserole d'eau chaude sur la nuque, je connais, c'est vrai que c'est un bonheur.
Bisous de belle soirée.
Marie-Ange

le bord doré des nuages a dit…

A Marrakech, bien caché juste en face de l'entrée du jardin Majorel, il y a deux petits Hammams typiques,un pour les hommes un pour les femmes ,des mamas te frottent le dos au savon noir et te font des massages "costauds" sur tout le corps,à la fin elles te rinçent avec de l'eau arrivée tout droit de l'Atlas, douce et tiédie, parfumée à la rose..les marocaines se lavent en famille, je me souviens d'une femme qui frictionnait sa très vieille mère, puis sa petite fille, il y avait trois générations nues et sereines,qui se retrouvaientlà tous les samedis, c'est un beau et doux souvenir qui traine encore dans un coin de ma mémoire...