Pousser au moins jusqu'au Ciel
Il y a 2 jours
Pour les deux ans de mon blog, je me suis fait un petit cadeau. J'ai décidé d'en faire imprimer quelques morceaux choisis. Cela donne un recueil de 135 pages, de format 17,6 x 25 en quadri, dos collé, mise en page faite par moi-même avec sommaire, dédicace, table des illustrations, mentions de l'imprimeur, copyright, résumé en quatrième de couv', bref un presque vrai livre. J'en ai confié la réalisation à un imprimeur avec lequel j'avais l'habitude de bosser à l'agence et qui, de fait, a rendu un travail très soigné. Le hic c'est que, compte tenu du peu d'exemplaires et du traitement "à la pièce", chacun m'est revenu à 30 euros. J'en ai donc fait tirer une dizaine que j'ai offerts à mes proches. Et puis, voilà que je reçois la visite d'une copine que je ne vois pas souvent puisqu'elle vit en République du Congo ce qui en fait ma plus lointaine lectrice. Nous discutons du sujet, elle me dit qu'elle-même est tentée par l'aventure mais manque de temps. Maman de deux jeunes enfants et active depuis qu'elle a ouvert une petite agence de pub à Pointe Noire, elle a fait récemment publier un livre pour enfants dont elle a écrit les textes et illustré par des artistes locaux. Elle s'est débrouillée pour trouver un sponsor et le faire distribuer à la rentrée dans toutes les écoles maternelles de la ville. Avec son expérience de femme d'expat' en Afrique, maman attentive et entrepreneuse dynamique au grand coeur, les sujets de blog ne lui manqueront pas. De fil en aiguille, je lui montre mon "livre" dont il me restait deux exemplaires et là, elle sort un billet de son porte-monnaie et insiste pour l'acheter. Je suis à la fois très gênée et émue. Qu'on puisse apprécier mon travail au point de vouloir y mettre le prix me sidère ! Je vais vous faire un aveu, la tentation d'écrire me taraude depuis que je vis cette période d'inactivité forcée et mes proches me poussent à me jeter à l'eau. Ce qui me freine ? D'abord, je ne suis pas persuadée d'avoir ce talent et je suis assez réaliste pour savoir que j'ai une chance infime d'être publiée un jour. Et puis, en tant que lectrice, je trouve l'offre d'ouvrages publiés pléthorique et le livre neuf, une denrée chère et à durée de vie limitée. J'avais du reste déjà écrit un billet sur la date de péremption très courte des livres et leur triste fin. Le Télérama de cette semaine recense 430 nouveaux romans pour la seule rentrée littéraire de septembre, sachant que la prochaine est en janvier. Qu'en émergera-t-il ? Une ou deux bonnes surprises, les éternelles locomotives, et surtout, les petits malins qui ont trouvé le bon créneau mais ne sont pas forcément ceux qui écrivent le mieux. Non, je ne citerai pas de nom ...
Ce week-end, nous étions en Bretagne. Pas celle de notre chère capitale, non, celle des côtes et des embruns, des solides maisons en granite, des rochers déchiquetés par les flots et le vent, en un mot, l'Armor. En plus, le temps était superbe et la Bretagne sous le soleil, c'est vraiment magique. Nous étions reçus, merveilleusement comme à chaque fois, par des amis chers à notre cœur, comme dit si bien Philippe Meyer sur France Inter. J'en profite pour rassurer son fan club, Bérangère va bien. Elle est en vacance de blog et en vacances tout court sur ses terres. C'est d'ailleurs un des derniers endroits en France où les portables ne passent pas et où les seuls débits qu'on connaisse sont les débits de boissons. Tout l'été, la jolie maison aux hortensias ne désemplit pas. Les copains venus de Singapour, San Diego, Jérusalem, Paris ou d'ailleurs se succèdent autour de grandes tablées où l'on déguste un succulent agneau au coco de Paimpol (AOC) et un délicieux far aux pruneaux (AOC), spécialité de PP. Dimanche soir, nous avions décidé de faire un tour au Festival du Chant de Marin de Paimpol, ou Pempoull pour les puristes. Pendant trois jours, ce petit port se pare de ses plus beaux atours, vieux gréements pimpants aux oriflammes chatoyantes, ambiance bon enfant, vrais bretons et touristes se régalant de galettes-saucisses ou cochon grillé, une bolée de cidre ou une canette de Coreff à la main. Outre le plaisir des yeux et du ventre, celui des oreilles n'est pas oublié grâce à ces petits groupes de chanteurs en marinière et vareuse qui entonnent le répertoire des terre-neuvas ou celui de Mac Orlan repris en chœur par un public tout acquis. Je suis toujours aussi fascinée de voir ces grappes de gens s'attraper par le bras ou le petit doigt pour chalouper ensemble telle une énorme vague ! Bien sûr, pour créer l'attraction et aussi concurrencer les autres festivals de la région, celui-ci propose quelques têtes d'affiche comme cette année, Marianne Faithfull ou ... Alan Stivell. Là, mon lecteur juste réveillé se frotte les yeux. Qui ? Alan Stivell ? Le chantre de la Bretonnitude, le barde à la harpe qui le premier fit connaître Tri Martolod à toute une génération ? Il chante encore ? Oui et à 65 ans, il fait le plein, le bougre ! Le Quai Loti était noir de monde et j'ai dû jouer des coudes et me hisser sur la pointe des pieds pour tenter de l'apercevoir. Ainsi, c'était bien lui, le Dieu de mes copains bretons du camp d'ados 1973 ? Pour ce petit moment de nostalgie, Mersi bras ha kenavo, Monsieur Stivell !