mardi 19 juin 2012

Bernis, son clocher, ses platanes, son député FN

Quand ma grand-mère a quitté l'Algérie en 1962 au moment de l'indépendance, son deuxième mari et elle ont acheté une maison à Bernis dans le Gard. C'était une maison biscornue, au cœur de ce village comme il en existe tant dans le midi de la France, de ceux qui ont l'air de tout le temps faire la sieste à l'ombre des platanes.

J'ai des souvenirs d'enfance et d'adolescence liés à cette maison qui, l'été, parvenait à rester fraîche grâce à l'épaisseur de ses murs. J'entends encore mon grand-père nous crier "La porte !" quand on avait le malheur de la laisser ouverte car il avait une sainte horreur des mouches. Le soir, nous "prenions le frais" sur le pas de la porte. Pour ma grand-mère, ma mère et ma tante, c'était encore un peu "comme là-bas" ...

En 1974, mon frère et moi avions trouvé dans la poche d'une veste de ma grand-mère tous les bulletins de vote des candidats à la présidentielle pour lesquels elle n'avait visiblement pas voté. Parmi eux, ceux d'un certain Jean-Marie Le Pen. C'est avec un certain soulagement que ma jeune conscience politique avait pris note que, contrairement à ses voisines, ma grand-mère ne s'en laissait pas conter par cet affreux borgne raciste et démagogue.

Ses voisines, je ne les aimais pas beaucoup. Certaines venaient du même village d'Algérie qu'elle, d'autres étaient là depuis toujours mais ensemble, elles formaient une sacrée bande de commères. A l'époque, il y avait eu un énorme scandale quand la mère d'une de mes copines du village s'était enfuie avec un Arabe. Je ne sais pas ce qui choquait le plus ces cancanières, que cette mère de quatre enfants ait pu les abandonner ou qu'elle ait jeté l'opprobre sur la communauté pour un moins que rien d'arabe. Racisme ordinaire.

Ma mère et ses frères ont vendu la maison de Bernis à la mort de ma grand-mère en 1998. Je n'y suis jamais retournée. A seulement une dizaine de kilomètres de Nîmes, la commune a poussé comme un champignon pour atteindre 3000 habitants aujourd'hui. Dimanche, la moitié d'entre eux a permis à l'avocat parachuté Gilbert Collard d'entrer à l'assemblée nationale sous l'étiquette hypocrite de Rassemblement Bleu Marine, et d'y porter les "valeurs" nauséabondes du FN. Bernis, je ne te dis pas merci.             

5 commentaires:

Anonyme a dit…

en somme et malheureusement... c'est la croix de Bernis. Je suis né à Nimes et mon village n'a gilbert Collard comme député !!! je l'ai eu en client mais à l’époque il était à gauche. les temps changent

bricol-girl a dit…

Quel opportuniste ce Gilbert!

marie-madeleine a dit…

Cet homme est redoutable, habile et horrible

Valérie de Haute Savoie a dit…

Si les journaux ne faisaient pas tant de bruit autour de lui, il ne serait pas grand chose. Ils ne sont que deux députés, la nuisance pourrait être vite éradiquée s'il n'y avait ces couillons à droite pour leur emboîter le pas.

Anonyme a dit…

Tu peux remercier Bernis pour les souvenirs qu'elle te laisse. Pour ce qui concerne les habitants qui ont choisi cette couleur qui s'assombrit, Bernis n'y peut sans doute pas grand chose... ;)