mercredi 14 décembre 2011

Les nouvelles sont mauvaises d'où qu'elles viennent

Je voudrais vous parler de la Syrie. J'y suis allée en 1995. Tous ces endroits dont on parle, ces villes martyrs comme Homs, Hama, je les ai visitées. Bien sûr, c'était déjà bizarre. Ce restaurant où les femmes dînaient la tête couverte d'un foulard et les manches de leur manteau couvrant des bras dont n'émergeaient que les ongles. Pratique pour manger.

Il y avait bien cet hôtel de la chaîne Cham Palace où nous étions descendus et qui d'après mon Lonely Planet avait été construit sur un charnier après la révolte des frères musulmans. Révolte matée par un Hafez el Assad autocrate. Déjà.

Dans les rues des villes que nous traversions, partout des portraits géants du général-chef d'état nous toisaient. Dans le désert, des bases militaires immenses avec des barbelés tout autour, à perte de vue. Au poste frontière avec la Jordanie, nous avions dû attendre des heures que des soldats armés jusqu'aux dents nous laissent passer. De l'autre côté, l'air était soudain devenu plus respirable ...

Curieusement, je garde malgré tout un bon souvenir de ce voyage en Syrie. J'ai des flashes qui me reviennent en mémoire : ce jardin rempli d'orangers de la grande mosquée de Damas, celle où se pauvre Jean-Baptiste repose on ne sait plus trop pourquoi, la ville antique de Palmyre particulièrement bien conservée, le Krak des Chevaliers, cette étonnante forteresse des Templiers, le plus beau château-fort médiéval qu'il m'ait été donné de voir, une sortie de messe un dimanche dans un village, la petite église de Maaloula et son baptistère qui était déjà là du temps du Christ, des bédouins dans le désert, un caravansérail ...

Et surtout, surtout, ces syriens raffinés parlant un  français parfait qui nous accueillaient avec chaleur. Et aujourd'hui, neuf mois de révolution systématiquement réprimée dans le sang, des enfants arrachés à leurs familles et torturés, des blessés achevés dans les hôpitaux, et un tyran fils de tyran sourd aux appels de la communauté internationale, ligue arabe comprise. 5000 morts ... Silence, on tue en Syrie.

Comme dit Hermione, je crains d'avoir plombé l'ambiance mais voilà, je n'ai pas envie de me taire.                   

10 commentaires:

Lilie a dit…

Rien n'a jamais changé grâce au silence. TU as raison de ne pas te taire.
C'est bon aussi de se souvenir que la Syrie ce n'est pas QUE ce que les infos en disent...

bricol-girl a dit…

Tu as raison mille fois raison et rassure toi tu n'es pas la seule à plomber l'ambiance.

Simplement ... a dit…

Ce n'est pas toi qui plombe l'ambiance, c'est toute la misère du monde qui s'étale à longueur de JT et de magazines.
Je t'embrasse.
Marie-Ange

Brigitte a dit…

Terrible sur ce silence des nations !

Hermione a dit…

Je crois que ça ne sert à rien de faire comme si on vivait dans le monde des Bisounours. C'est la terre qui est plombée, ou plutôt ceux qui l'habitent.

Valérie de Haute Savoie a dit…

Déjà en 81 mon frère qui habitait le Liban avait dû prendre mille précautions pour y aller. Mais il en garde un souvenir très fort malgré le régime qui déjà à l'époque était un régime sanguinaire.

marie-madeleine a dit…

C'est plus fort que moi, je garde l'espoir. Je ne peux m'empêcher de voir qu'après les combats, après la mort , une lueur survient, au milieu des horreurs une étincelle brille, un espoir de liberté...

lakevio a dit…

Et bien, face à la cruauté de notre époque, au loin ou si près, il est difficile de ne pas se boucher les oreilles, baisser les bras et se voiler la face. Et pourtant, c'est parce qu'on en parle qu'on peut pousser les Nations à intervenir.

Simplement ... a dit…

★ Joyeux *. • ˚ ˚ •. ★ ★ Noël. . °. ° * ★ ★ Joyeux. • ˚ ˚ ★ ★ ˛ ˚ ˛ •
•. Noël ★ ˛ ˚ _Π_____. * ˚ ★ ★ ★
˚ ˛ • ˛ • ˚ */______/~ \. ˚ ˚ ˛ ★ ★ ★
˚ ˛ • ˛ • ˚ *| 田田 | 门 | ˚ Mille bises d'amitié ♥

Anonyme a dit…

Peut être peut on se dire que certains sont morts ailleurs... En Irak, en Corée, en Libye, en Tunisie, en Égypte. L'air n'y semble pas plus respirable mais c'est sans doute un début...
Très bon Noël, que 2012 nous réserve de belles surprises