mardi 27 octobre 2009

Son Altesse Exaltée

Comme je l'écrivais précédemment, le 7ème nizam de l'État de Hyderabad, musulman et pieux, "Son Altesse Exaltée", allié fidèle de la couronne d'Angleterre, était également un Harpagon dans toute sa "splendeur". Toute une vie passée à sucer des feuilles de bétel n'avait laissé dans sa bouche que quelques chicots rougeâtres. Il était d'une avarice telle qu'il portait de vieux pyjamas et des sandales achetées pour quelques roupies au bazar local. Pendant 35 ans, il porta le même fez, durci par la transpiration et la crasse. Bien qu'il possédât un service en vermeil destiné à recevoir plus de cent convives, il mangeait dans une assiette en fer-blanc, accroupi sur la carpette de sa chambre. Il était d'une telle parcimonie qu'il récupérait les mégots laissés dans les cendriers par ses invités. Lorsqu'un dîner officiel l'obligeait à offrir du champagne, il veillait à ce que l'unique bouteille qu'il faisait déboucher ne s'éloignât pas trop de lui. A l'occasion de la visite dominicale du résident britannique, un serviteur apportait un plateau avec deux tasses de thé, deux biscuits et deux cigarettes. Un jour, le Résident arriva inopinément avec un visiteur particulièrement distingué. Le nizam chuchota quelques mots à son servteur qui revint avec la tasse de thé, le biscuit et la cigarette manquants. Si sordide était sa pingrerie qu'un médecin venu de Bombay examiner son cœur, ne put lui faire un électrocardiogramme, aucun appareil électrique ne fonctionnant normalement dans son palais car il avait ordonné à la centrale de Hyderabad de réduire le voltage. Quant au fameux Koh-i-Noor, dont on dit qu'il est le plus gros diamant du monde, il le gardait dans un vieux magazine et s'en servait à l'occasion de presse-papier. Le souverain était pourtant immensément riche. Il possédait des malles pleines de roupies, de dollars et de livres sterling enveloppés dans du papier journal pour un montant estimé à 5 milliards d'anciens francs avant que les rats ne contribuent à déprécier cette fortune. Et dans le jardin laissé à l'abandon, une douzaine de camions étaient tellement chargés de lingots d'or qu'ils s'enfonçaient dans le sol jusqu'aux essieux. Rendons à César ce qui est à César, j'ai largement pompé des passages du livre de Lapierre et Collins mais je n'ai pu résister à l'envie de vous raconter une histoire parmi d'autres qui contribuent pour beaucoup à la fascination qu'exerce l'Inde sur ses visiteurs....

6 commentaires:

karmara a dit…

Etait-il aussi pingre avec ses sujets ?

bricol-girl a dit…

L'avarice est un vilain défaut mais bien raconté, ça passe mieux.

Simplement ... a dit…

Oh le "pauvre" homme !
A ce niveau là c'est une maladie !
Tu nous raconteras l'Inde et ses mystères ?
Je t'embrasse et te souhaite une très belle journée.
Marie-Ange

heure-bleue a dit…

l'avarice ne touche pas que les sultans indiens, ils se privent de beaucoup de bonheur quoique leur plus grand bonheur, c'est peut être de compter leur or...

dieudeschats a dit…

Mais pourquoi diable a-t-il fait don de tant d'argent à l'Angleterre ? Les conditions devaient être exceptionnelles !

lorant a dit…

les pingres s'appellent entre eux des économes.