vendredi 30 octobre 2009

Préjugés

Cette semaine, j'ai pris rendez-vous avec mon conseiller bancaire afin de régler quelques points avant notre départ pour l'Inde. Je l'avais déjà rencontré. Grand, rond, un physique bonhomme, une main molle, des lèvres pincées, des petites lunettes cerclées, un costume gris. Un banquier, quoi. Je lui dis où nous partons et dans quelles circonstances, et m'apprête à lui expliquer où se situe Hyderabad vu que personne ne le sait ou presque, quand il me dit : "si, si je connais". Et le voilà parti à me raconter ses nombreux voyages en Inde, me décrivant avec des trémolos dans la voix et des lumières dans les yeux, les pêcheurs jetant leurs filets dans l'océan au Kerala, les rues grouillantes de monde à Bombay, les lépreux qui vous tendent leurs moignons à Bénarès, la magie du Gange au lever du soleil, etc. Et moi, en face, je suis ébahie de le voir ainsi s'enflammer. C'est bien la dernière personne que j'imaginais, sac à dos, prenant des trains de 3è classe bondés pour sillonner l'Inde ! Les préjugés nous brouillent souvent la perception que nous avons des autres et cela m'a rappelé une mésaventure qui aurait dû me servir de leçon. Voici quelques années, j'accompagnais un voyage de presse en Arizona et nous étions logés dans un magnifique hôtel de la chaîne Hyatt. La PR (prononcer : pi-ar) qui nous accueillait, semblait sortir tout droit d'une série américaine des années 90, tailleur-pantalon impeccable, escarpins Jimmy Choo, brushing étudié, ongles french-manucurés, bref l'archétype (encore !) de la porte-parole d'un grand groupe hôtelier. Et voilà que se mêle aux journalistes un petit bonhomme en jeans, sweat-shirt à rayures, chaussettes à trois-bandes dans les baskets, bref, tout du red neck américain, toujours selon mes critères. Il me lance des œillades appuyées et, agacée, je m'apprête à ouvrir la bouche pour lui faire comprendre que c'est une visite privée espérant qu’il repartira vite à ses occupations de caddy ou d'homme d'entretien. Or voici que l'attachée de presse l'avisant à son tour, l'attrape gentiment par le bras et le présente à la cantonade. C'était le General Manager de ce superbe hôtel ! Personne n'en a rien su mais je n'étais pas fière de moi. Je devrais me répéter plus souvent que l'habit ne fait pas le moine ...

11 commentaires:

Simplement ... a dit…

Attention à la méprise !
J'ai connu ça en Italie il y a quelques années.
Nous étions dans un restaurant de montagne autour d'une immense tablée et juste à mes côtés vient s'assoeir un grand Monsieur très sympathique et d'une simplicité absolue ... ami de mes amis ...
Conversation détendue et animée, échanges spontanés, le tout dans une atmosphère bon enfant !
Une fois rentrés nos amis me demandent :
Tu sais à côté de qui tu étais assise ? Non ?
D'une des plus grosses fortunes italiennes ...
Sincèrement je ne pense pas que j'aurais été aussi naturelle si j'avais su ...
Comme quoi !!!
Bisous de douce soirée.
Marie-Ange

Anonyme a dit…

C'est exactement pourquoi, dans la mesure du possible, sauf faiblesse passagère, je m'évertue à ne pas cataloguer immédiatement mon interlocuteur. Moi-même, étant autodidacte, j'ai noté que certains universitaires devaient penser que ma culture avait ses limites comparée à la leur; et j'en ai parfois souffert... Quoi qu'il en soit, ce fut là une bien belle expérience. J'ai eu peur que tu te lâches, et que ton banquier ne vienne lire et...... ;o)

bricol-girl a dit…

La poignée de main molle, quelle horreur!

Valérie de Haute Savoie a dit…

Il y a quelques temps j'étais allée déjeuner avec un peintre que nous employons souvent pour rénover des appartements. Déjà il m'avait invité dans un restaurant très raffiné, à la cuisine parfaite, mais surtout, nous avons eu une conversation très philosophique, parlez longuement d'Edouard Glissant et d'Aimé Césaire. Comme toi, j'étais ressortie de ce repas heureuse d'avoir été bousculée dans mes préjugés.

M'ados a dit…

Si seulement tous les banquiers pouvaient se souvenir de leur passé de routard...
Bizatwa!

incertaine a dit…

Si ça peut te rassurer, je crois que nous sommes nombreux à fonctionner comme toi... et à nous planter parfois!!!

la jalouse ;-) a dit…

j'ai plutôt du flair pour dénicher la vraie personne derrière l'habit...ben oui faut quand même bien une qualité !

heure-bleue a dit…

Tu aurais connu le PDG de l'homme, très bel homme, tu l'aurais pris pour l'homme d'entretien...

Simplement ... a dit…

Je te souhaite une très belle journée et plein de courage pour les jours à venir.
Je penserai à toi.
Bisous du coeur.
Marie-Ange

Simplement ... a dit…

J'ai lu chez Mab que tu étais arrivée en Inde ...
Je te souhaite une bonne installation et de jolis mois à venir.
Bisous du coeur.
Marie-Ange

La Femme coupée en deux a dit…

L'habit ne fait pas le moine... mais il permet d'entrer dans l'abbaye...