samedi 10 mai 2008

Dites 33 !

Comme tout nouveau salarié, j'ai été convoquée par la Médecine du Travail pour une visite dite d'embauche. Je ne sais pas comment on se retrouve un jour médecin du travail, est-ce un sacerdoce, une punition, une planque de fin de carrière ? - je l'ignore - mais je note que ces praticiens ont un profil disons, spécial. Le mien n'était plus tout jeune, blouse blanche, grosses bacchantes, lunettes en demi-lune perchées sur le bout du nez. Voilà pour le physique. Quant au style, c'était un monsieur charmant, paternel, pédagogue, très proche du souvenir que j'ai du vieux médecin de famille, celui pour qui nos gorges et nos bronches n'ont aucun secret. Il a procédé à une étude minutieuse de mon cas, m'interrogeant sur mes antécédents et mes petites misères, puis il m'a auscultée. Ce qui m'a sciée c'est quand il m'a demandé "dites 33 !" : deux petits mots que je croyais ne jamais plus entendre un jour. Enfant, ils ont toujours eu un côté mystérieux pour moi, c'est vrai, pourquoi 33 et pas 44 ou 55 ? En tout cas, je n'ai pas pu m'empêcher de penser à Louis Jouvet dans le Docteur Knock !
Là s'arrête la ressemblance car mon médecin du travail n'avait vraiment rien d'un charlatan. Si le trou de la Sécu est abyssal, ce n'est sûrement pas de sa faute. J'ai un petit renflement au niveau de la cicatrice que m'a laissée l'appendicite et qui parfois est douloureux. Et bien, c'est le premier à m'avoir dit ce que c'était : "C'est le colon !" s'est-il exclamé à la manière de Knock. Exactement, une colopathie fonctionnelle. Rien de grave a-t-il précisé, m'expliquant que mon intestin est trop long et que quand je suis stressée et tendue, il exerce une poussée. "Vous pouvez toujours faire un examen si vous voulez approfondir la question, mais alors une échographie à la limite. Pas de coloscopie, c'est trop douloureux et pas nécessaire. Et puis, vous la connaissez vous la bonne taille pour un intestin d'une personne comme vous, hein ? Franchement, on s'en moque. Non, si ça vous fait mal, faites du yoga !"
Voilà comment je suis sortie de son cabinet, rassérénée, vaguement touchée par tant de sollicitude, brandissant fièrement ma petite fiche où il avait noté d'une belle écriture d'une autre époque : apte.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Je n'arrête pas de te le dire: LE YO GA