
En toute franchise, ces derniers jours j'en avais un peu assez d'écrire mes petits billets et de venir lire ceux des autres. J'ai donc fait une pause. Et puis, tout à coup, il m'est arrivé un drôle de truc. C'était là, comme une évidence, vous me manquiez. L'une d'entre vous - elle se reconnaîtra - écrivait récemment : "Lorsqu'on parle de blogs à des personnes qui ne sont pas du "sérail", on sent bien qu'elles ne comprennent pas et que, limite, elles nous prennent pour des illuminés. Parfois, on se retient de citer ce qu'on a lu dans un blog [...] Difficile de faire entendre que les faits relatés sont aussi dignes d'estime que s'ils avaient été narrés de vive voix par un proche". Moi aussi, je m'étais trouvée une autre famille et après être restée une semaine sans lui rendre visite, j'étais en manque. Inexplicablement, inexorablement en manque. Depuis un an, je suis en effet une vingtaine d'entre vous et, de fil en aiguille, vous m'êtes devenu(e) s plus proches que certains de mes proches. Je ne connais de vous qu'un prénom, parfois juste un mystérieux pseudo, j'ignore où vous habitez, ce que vous faites dans la vie mais j'ai accès à vos joies, à vos peines, à vos déceptions, à vos humeurs, à vos colères. Prenons cette semaine. Aux deux extrémités de la vie, j'ai appris que l'une d'entre vous attendait le bébé de l'espoir tandis qu'une autre veillait sa maman âgée clouée sur un lit d'hôpital. Je me suis réjouie avec telle jeune amie blogueuse qu'elle ait enfin vu sa BD publiée. J'ai lu avec émotion les mots pudiques que telle autre livrait sur une enfance qu'on devinait douloureuse. J'ai souri à la lecture de la dernière provocation d'un homme sage, et j'ai réfléchi à l'éducation que je donnais à mes enfants grâce à deux oisons du square des Batignolles. L'une de vous m'a touchée aux tripes en expliquant comment elle essayait de rendre la mémoire défaillante à sa maman en reconstituant sur un cahier le puzzle de sa vie. Je suis partie en Inde, j'ai lu un magnifique poème anglais qui parlait de jonquilles, des jonquilles peut-être cueillies dans le jardin d'une dame du Sud...
Je partage vos lectures, vos recettes de cuisine, vos coups de cœur sur une exposition, une pièce de théâtre, je ris à vos saillies, je pleure à vos malheurs, j'applaudis à vos coups de gueule. Et ce soir, comme une certaine longue dame brune, j'ai envie de vous dire : je vous remercie de vous.