samedi 12 avril 2008

Ce 12 avril 1975

Il est des dates qu'on n'oublie pas. Pourquoi celles-là et pas d'autres, va savoir. Ainsi donc aujourd'hui, ce samedi 12 avril m'a renvoyé à la même date trente-trois ans plus tôt. La grande affaire de ce samedi 12 avril 1975 c'était LE bal de la chorale du lycée. Je sais, vu comme ça, ça fait tarte. J'avais 17 ans et depuis des semaines, avec mes copines, on ne parlait que de ça. Ce qu'on allait porter, qui il y aurait, sous-entendu est-ce que Marc, Christian ou Stéphane seraient là pour nous faire danser, et plus si affinités...
L'affiche était alléchante, on nous annonçait le trompettiste Bill Coleman [photo], celui-là même qui, quelques années plus tard, participerait à la création du festival Jazz in Marciac. Avec le recul, je me dis que c'était là un choix d'adultes, sans doute des profs du lycée. Je pense qu'aucun de nous n'y attachait la moindre importance. A ses côtés se produisait un groupe de rock local du nom d'Arc-k-en-ciel. Une de mes copines, Véro, était amoureuse d'un des musiciens, le bassiste je crois.
Si je raconte ça, c'est parce que c'est ce soir-là que j'ai connu mon premier flirt sérieux. Même pour l'époque, je n'étais pas très en avance. Il s'appelait Michel et après m'avoir entraînée sur la piste pour quelques rocks endiablés du groupe ci-dessus mentionné, il avait gardé fermement ma main dans la sienne pour une série de slows, et avait fini par m'embrasser. J'étais sur un petit nuage et je ressentais tout un tas de sensations physiques bizarres que je pris pour autant de signes que "le" grand amour venait de me tomber dessus. J'avais des maux de ventre terribles lorsque je quittais mon cavalier après cette mémorable soirée. Le lendemain, un dimanche donc, les symptômes toujours présents, j'ai bien été obligée d'en parler à ma mère sans mentionner toutefois ce que je pensais en être la cause (Love at first sight,
etc.) Elle a donc trouvé un médecin de garde et je suis rentrée le soir même en clinique : appendicite !
Mon nouveau petit copain est venu me rendre visite tous les jours puis notre idylle a vite tourné court. J'étais inexpérimentée et sûrement trop sérieuse pour lui qui fumait des pétards et concoctait des cocktails Molotov sur le balcon de ses parents (mai 68 n'était pas si loin...)
Epilogue : grâce à un de ces sites de retrouvailles de copains de lycée, je suis entrée récemment en contact avec lui. Il habite à l'autre bout de la France, est chef d'entreprise, a été marié, démarié, remarié (comme moi) et a quatre enfants (moi deux seulement). Nous avons échangé des voeux à l'occasion de cette nouvelle année, celle de nos 50 ans. Ah, j'oubliais, il y a quelques semaines, j'ai reçu par mail une pétition pour le Tibet que j'ai signée. C'est Michel qui me l'avait envoyée. Rangé mais toujours militant...