Il est arrivé ce moment, je crois, celui où l'on est encore un peu la mère de ses enfants, et où l'on commence déjà à être celle de ses parents. Les miens ont plus de 75 ans et jusque là, ne nous ont donné aucun souci. Et puis voilà que depuis un mois, Maman a une méchante hernie discale qui la fait souffrir le martyre. Sa rhumatologue lui a prescrit de la morphine pour calmer la douleur en attendant un rendez-vous pour une infiltration. Je ne sais pas si la morphine y est pour quelque chose mais ma mère est devenue hypersensible, pleurant pour un rien. Comme c'est une maîtresse femme, mon père en est tout déconfit. Maladroit comme le sont souvent les hommes face à une situation qui les dépasse, il lui a demandé de se contrôler (mon père n'est pourtant pas anglais mais le "never explain, never complain" royal pourrait être sa devise), redoublant les sanglots de ma mère dans lesquels doit se mêler de la rage jusque là contenue. Bonne fille, je tente de raisonner mon père (un ancien colonel, autant dire que je prends des risques, si je continue, je vais me retrouver au gnouf) et de consoler ma mère (qui me répète à l'envi l'affront subi). Après une demi-heure passée sur Skype, je suis lessivée et me dis que l'époque où l'on s'écrivait avait finalement du bon. Cette semaine, alors que j'avais pris mon billet de train pour aller passer Noël chez eux, retournement de situation, Maman va mieux et envisage - avec la permission de son médecin - que ce soit eux qui viennent finalement chez nous (j'imagine qu'elle ne supporte plus son lit de douleurs et a envie de changer d'air). Elle m'annonce cela au téléphone toute guillerette, mon père furieux en background. J'essaie de comprendre le refus de mon père puisque c'est ce qui avait été prévu au départ avant les problèmes de santé de Maman. Le fait qu'il ne juge pas cela très raisonnable ne me semble pas être la seule raison. Il me faut creuser. C'est alors que je me souviens que lors de la grande pagaille voici deux semaines, il avait évoqué les intempéries et l'état des routes. Eurêka ! me dis-je in petto, et de lui suggérer de venir les chercher en voiture et de les ramener ici avec moi. Mon père fait mine de réfléchir mais pas assez longtemps, et je comprends alors qu'il n'attendait que ça. Marché conclu. Je partirai donc lundi matin de bonne heure pour revenir avec eux le 23. Comme dit mon frère à qui je conte ce dernier rebondissement dans la saga de Noël, il y a deux ou trois ans, notre père n'aurait jamais accepté de ne pas prendre sa voiture. C'est à des petites choses comme ça que l'on s'aperçoit que nos parents vieillissent et ne seront pas éternels...
Crème Mont-Blanc au chocolat
Il y a 1 jour