vendredi 3 février 2012

De ma fenêtre

 
Cher public adoré, comme disait Desproges, je vous ai un peu négligé ces derniers temps. D'aucun(e)s se sont ému(e)s de ce silence, ce qui fait forcément plaisir. La raison en est fort simple, je travaillais. Je ne vais pas me plaindre, après tout, c'est le lot de presque tout le monde, à part 10% de chômeurs et quelques bienheureux baby boomers qui ont la chance d'être à la retraite (et surtout de pouvoir la toucher).

Je profite donc d'une petite fenêtre pour poster ces quelques lignes. En parlant de fenêtre, comme vous le voyez, Savannah adore jouer les concierges depuis celle de notre beau bureau tout neuf. Nécessité faisant loi, je me suis finalement accommodée de ma situation, à savoir retravailler de chez moi.

Nous avons profité des ponts du mois de novembre et des vacances de Noël pour transformer deux petites chambres d'enfants en un grand bureau. Quand on n'a pas trop le moral, s'atteler à des travaux manuels c'est fou le bien que cela procure ! Casser un mur même si ce n'est que du placo, jouissif ! Remonter une cloison dans une vieille maison où tout est de guingois, téméraire ! Décider de tout recouvrir de lambris, fastidieux ! Le BA 13 n'a plus de secret pour moi, pas plus que le mandrin ou le fil à plomb. J'ai gagné mes galons d'arpette et mon homme, son casque de chef de chantier.

Mais le jeu en valait la chandelle, j'ai un cadre de travail agréable, une belle pièce claire et confortable, de la place pour m'étaler et l'énorme avantage par ces jours de grands froids de pouvoir rester bien au chaud. Globalement, j'ai l'impression que les conditions de travail se dégradent autour de moi.

Une de mes anciennes collègues m'a sollicitée récemment pour un témoignage. Elle a été licenciée pour faute grave sous un faux prétexte d'une manière très violente. Un huissier est venu saisir son ordinateur portable et elle a eu une demi-heure pour rendre ses clés et son mobile avant de se retrouver hors de la boîte pour laquelle elle s'était donnée sans compter ... pendant six ans.

Mon cousin, la cinquantaine bien sonnée, en est au 5ème ou 6ème plan social de sa PME rachetée par une multinationale. On leur enjoint à lui et à ses collègues de faire comme si de rien n'était, de rester mo-ti-vés alors qu'à chaque fois, ils se demandent qui va se retrouver dans la prochaine charrette.

Les 93 ouvrières de Lejaby (une excellente marque de soutien-gorges à laquelle personnellement j'étais fidèle...) ont eu de la chance dans leur malheur, voir leur combat devenir une cause nationale grâce à la campagne présidentielle. Mais pour les autres, les Contis, les Sea France, les Motorola de Rennes, pas de quartiers ! Au fond, j'aime mieux encore ma petite entreprise. En espérant qu'elle ne connaîtra pas la crise.

11 commentaires:

Hermione a dit…

Mon homme sent aussi la pression dans son entreprise. Les chiffres qui stagnent, le boss qui exige toujours plus, les moyens qui sont un peu moins au rendez-vous, une certaine tension sociale... Profite de ton beau bureau, et je souhaite de tout cœur que ton activité prenne de l'ampleur (mais te connaissant, enfin d'une certaine manière seulement, je suis sûre que le bouche à oreille va fonctionner grâce à ta compétence et ton charisme) :D

La petite poule noire a dit…

@ Hermione, je n'ai pas parlé du mien, je ne sais pas toujours qui me lit sur Fb même si je filtre...
Mais pour lui aussi c'est dur, il fait un plein temps et demi chaque semaine. Hier, il est parti à 7 heures en déplacement à Paris et ce soir, il est 20h30 et il n'est pas encore rentré :(
Je me demande comment il tient le coup ...

liwymi a dit…

C'est vrai, c'est de plus en plus dur. Il faut essayer de garder de la ressource pour la vie personnelle, mais c'est pas facile… Période difficile. Je suis contente pour les Lejaby. Même si ça sent la manœuvre électoraliste. J'espère qu'on ne les laissera pas tomber après la présidentielle.

Simplement ... a dit…

Une France déshumanisée ...
Regarder les infos me remplit d'effroi ...
Ce soir par exemple le reportage sur les sans-abris m'a profondément touchée et j'ai vu que mon mari était très ému aussi.
Avoir un toit est pourtant la première des libertés.
Je t'embrasse
Marie-Ange

bricol-girl a dit…

Contente de te lire à nouveau. Le bricolage est le meilleur antidépresseur qui soit.

Anonyme a dit…

J’accompagne de plus en plus de salarié-es en difficulté dans leur emploi. Des personnes que l'on casse,que l'on détruit. Des salariés qui je le sais auront des difficultés à reconstruire et à reprendre confiance. Quelle drôle de société que celle qui isole et laisse sur le bord de la route des personnes investies souvent, qui brise sa force de travail.
Alors, même lorsque que l'ambiance ou les conditions de travail se dégradent un peu, il faut tenir car on ne sait jamais trop de quelle couleur est l'herbe ailleurs...

marie-madeleine a dit…

J'ai conscience de ma chance d'être une de ces baby boomers! mais j'ai eu plusieurs fois l'occasion de me soucier pour mon fils sans cesse sur le fil et qui vient de s'engager dans un domaine nouveau pour lui, mais en suisse puisqu'il vit à la frontière! ma fille me disait hier qu'elle avait conscience d'avoir une vie très privilégiée et n'est pas prête pour l'instant à quitter Zurich où elle était partie pour 3ou 4 ans à l'origine!!

Bonne chance à toi et à ton entreprise

Brigitte a dit…

Je trouve que beaucoup de personnes se radicalisent , leur discours m'effraie , cette crise les rend hargneux et l'espérance ne fait plus partie de leur avenir , ça me fait peur , je sais bien que je ne vis pas dans un pays de bisounours mais j'ai peur pour l'avenir des plus jeunes et des séniors .

Lilie a dit…

Contente de savoir que tu travailles, même si c'est à domicile.
Certes, tu n'as pas l'agréable ambiance "bureau, café entre collègue et blabla de couloir" mais d'un autre côté tu évites l'horrible ambiance "bureau, café entre collègue et blabla de couloir" !
C'est sans doute mieux comme ça :)

Valérie de Haute Savoie a dit…

Les Lejaby risquent fort d'être jetées dès les élections finies. C'est le copain de sarko et il ferait n'importe quoi pour que le petit gagne.
Mais pourquoi as-tu mis du lambris ?

La petite poule noire a dit…

@ Liwimi et Valérie, oui j'espère sincèrement pour elles que ce n'est pas juste un effet d'annonce.
@ Marie-Ange, comme toi, ces reportages sur les sans-abri me glacent, sans mauvais jeu de mot...
@ Mab, quand le bâtiment va tout va ;)
@ Cloudy, tu dois te sentir démunie bien des fois...
@ Marie-Madeleine mais les baby-boomers ont bien raison d'en profiter, j'en ferais autant à leur place :) Et je sais que du coup, l’avenir de leurs enfants et petits-enfants les préoccupe.
@ Brigitte, c'est ce qui m'a le plus frappée quand je suis rentrée d'Inde, l'absence d'espérance dans notre vieux pays :(
@ Lilie, il y a du pour et du contre partout. Po-si-ti-vons !
@ Valérie, tu n'aimes pas le lambris ? Nous l'avons choisi blanc, dans un bureau je trouve que ça réchauffe. Le problème c'est d'avoir pris des lattes de 9 cm. On n'en voyait plus le bout !