Au lendemain du 11 septembre, un éditorialiste avait écrit parodiant Kennedy à Berlin : "Nous sommes tous des Américains". Il est des jours où personnellement je me dis que je n'aimerais pas être américaine. Hier en était un quand au réveil j'ai compris que Troy Davis avait été exécuté dans la nuit. Bien sûr, je me garderai bien de mettre tous les américains dans le même panier et c'est justement parce que je sais que beaucoup d'entre eux ont espéré jusqu'au dernier moment la grâce de la Cour Suprême, que je les plains et n'aimerais pas être à leur place. Voilà un homme qui était depuis vingt ans dans le couloir de la mort, clamait son innocence et était devenu le symbole de ce que la peine de mort a d'abject, et qui, malgré d'innombrables soutiens venus du monde entier et les recours de ses avocats jusqu'au dernier moment, n'a pas réussi à échapper à son destin inhumain. Comme je l'ai lu quelque part, les juges en col blanc de l'état de Géorgie puis de la Cour Suprême des États-Unis ont fait montre de plus de cruauté que les ayatollahs iraniens qui, sous la pression mondiale, ont renoncé à lapider Sakineh. Apparemment, les partisans de la peine de mort aux États-Unis gagnent du terrain depuis quelques années alors qu'on aurait pu s'attendre à l'inverse après l'espoir suscité par l'élection d'un président démocrate et noir. Certains ont reproché à Obama justement de ne pas s'être prononcé en faveur d'une grâce de Troy Davis. Un peu peut-être à la manière de Ponce Pilate, il a argué que cette décision relevait de la justice fédérale et qu'il n'avait pas à intervenir. Il est déjà en pré-campagne pour son prochain mandat et il doit prendre en compte le fait que l'opinion américaine est encore largement en faveur de la peine de mort. Le très populaire gouverneur du Texas, Rick Perry, dont l'état détient le triste record des peines capitales (234 depuis son élection) part grand favori dans la course à l'investiture républicaine de la prochaine présidentielle. Les abolitionnistes américains ont encore du souci à se faire. Et n'oublions pas que chez nous, Mitterrand et son ministre de la justice Robert Badinter ont fait passer en force l'abolition de la peine de mort contre une opinion publique largement favorable à cette pratique. Le 9 octobre prochain, cela fera 30 ans. Pas tellement vieux finalement pour le pays des droits de l'homme ...
A la médiathèque du Clos Saint Louis.
Il y a 1 jour